«Moi» - Récit terminé

Démarré par Isaac, 08 Mars 2010 à 06:09

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08 Mars 2010 à 06:09 Dernière édition: 15 Avril 2010 à 07:18 par Isaac
J'ai récemment débuté l'écriture d'une nouvelle histoire. Je prends le risque de la publier ici en sachant qu'elle ne risque pas d'être lue par beaucoup de monde, mais j'ai quand même senti le besoin de vous exposer un peu plus de mes créations en terme d'écriture.

Je ne vous donne évidemment aucun détail sur l'histoire en soi, je vous laisse plutôt le «plaisir» d'être plongé dans l'incompréhension, qui sera un thème important abordé dans ce récit... Sur ce, bonne lecture, pour ceux qui s'y sentiraient d'attaque... J'expose toutefois quelques bémols.
J'écris avant tout pour moi et pour laisser aller mon imagination sans retenu; si jamais je constate que je me force à faire une mise en page compatible avec le forum (car oui, j'ai un bug avec ma version Internet qui fait en sorte qu'après un certain nombre de ligne, je suis toujours ramené au début de mon post, me rendant donc lourde la modification de lignes lointaines) pour rien, je ne vais pas poursuivre et cela ne sera pas plus compliqué que ça. :)
Seconde bémol, ce qui est écrit ici n'est pas nécéssairement ce que je pense. Le protagoniste et l'auteur du livre sont souvent distincts et c'est le cas ici... Donc bref.

Bonne lecture.

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Je marche. Je respire. Je vis.

En principe, nous faisons ces choses naturelles dans un milieu qu'on connaît, qui nous apporte confort et sécurité. Dans le cas contraire, l'adjectif «égaré» s'applique à nous... Mais je ne me sens pas égaré. Ce lieu, qui m'est étranger, me semble pourtant familier, comme si j'étais déjà venu il y a fort longtemps, bien longtemps, à mon adolescence... Mes souvenirs sont encore trop flous pour pouvoir vraiment avoir un souvenir précis de l'endroit.

Pour l'instant, je marche, je respire, je vis, sans savoir sur quoi je vais tomber dans ce lieu qui semble chercher à me dire quelque chose.

Chapitre 1

   J'ouvre la porte. C'était une vieille porte en bois, un bois mort sans aucun doute. La poignée était froide et rouillée. Son ouverture émit un grincement. La pièce était sombre, éclairée uniquement par un faible rayon de lumière qui traversait une craque dans le mur de bois. Le sol était sale, en terre. Ça sentait l'écurie... L'endroit en avait d'ailleurs l'air, avec ses cubes de foin dans le coin, ses seaux et ses pelles dans un autre.
La porte se referme derrière moi. Je sursaute au son, mais je ne m'y attarde pas. Je ne sens pas le besoin de retourner vers l'arrière, on dit de toute façon qu'il vaut toujours mieux aller de l'avant... Pour cette raison, je décide de m'attarder à mon environnement. L'endroit était nauséabonde, la bonne vieille odeur d'écurie  et de fumier. Aucune porte autre que par celle où je suis entrée n'était visible. C'était une pièce plutôt petite, carré, disons trois 6 mètres carrés. Je dis petite, oui, car il y avait des caisses, des boîtes et toute sorte de truc qui donnait l'impression que la salle était plus petite qu'elle ne l'était vraiment. Je m'avance donc, lentement.

Scrick.

Je baisse le regard : du verre cassé. Des cadres jonchaient le sol un peu partout, comme si un grand vent les avait arraché violement du mur. Je me penche, les sourcils froncés, et j'agrippe un cadre. La silhouette noire d'un homme, aucun détail visible... Drôle de cadre. Je m'attarde au deuxième. Encore une silhouette, d'une femme cette fois, mais toujours aucun détail... Tous les cadres n'étaient que des silhouettes. Qui voudrait bien de ce genre de photo? En principe, on cadre des photos qui ont un minimum d'importance, un souvenir, un événement important... Des silhouettes, ça ne veut rien dire... Et en plus, ça me donnait un certain malaise tant ce geste était inhabituel. Mon attention est alors portée sur un autre détail anormal de la pièce : La craque dans le mur de bois. Je m'y précipite à toute hâte, comme animé par une curiosité incontrôlable. Je plisse les yeux au fur et à mesure que je m'approche de ladite craque... La source lumineuse derrière est visiblement trop grande pour que je puisse discerner quoi que ce soit.

Quelque chose tombe du mur à ma gauche. Je sursaute, puis je fronce les sourcils. Un cadre vient de tomber du mur. Je m'avance, lentement... C'était une photo d'une porte. Je lève la tête vers le mur sur lequel il était accroché. Des choses semblaient gravées dans le mur de bois, comme si on avait utilisé un clou pour écrire un mot.

Haine... Incompréhension... Perdu... Espoir.

Au-dessus de chaque mot, un clou n'attendait qu'à recevoir un cadre. Était-ce une sorte d'énigme? Étrangement, je sentais le besoin de placer les cadres... Il y avait quatre cadres, un pour chaque mot.
Un cadre d'une silhouette féminine et deux cadres de silhouette masculine différente... Il restait ensuite le cadre avec la porte.

Donc, quelque chose qui a été perdu... La porte? Elle s'est fermée derrière moi, donc la sortie est perdue... Je place le cadre de la porte sur le mot respectif. Haine... Je place une des deux photos d'homme... Incompréhension, celui de la femme, finalement sur l'espoir je place l'autre photo d'homme.
Je me recule de quelques pas, en attente d'un quelconque phénomène... Mais les secondes passent, ensuite les minutes. J'ai dû faire une erreur...

Je fronce les sourcils, plongée dans une profonde réflexion. Je cherche après tout, à sortir d'ici, donc j'espère trouver une sortie... La porte peut représenter cet espoir. J'accroche donc le cadre de la porte sur le clou du mot «Espoir». Incompréhension, haine, perdu maintenant...

Je passe ma main sur mon front, comme exaspéré par la situation, perdu dans ses propres pensés. Mes souvenirs ne sont pas nets, pourquoi? Je pince les lèvres, je les humecte, je rage. Qu'est-ce qui me bloque? Qu'est-ce qui me mystifie? C'est simple, je pourrais y aller aléatoirement, après tout il y a trois clous pour trois cadres, il n'y a pas une infinité de combinaison, je pourrais donc essayer jusqu'à trouver la bonne, mais quelque chose, un pressentiment, une force inconnue semble me pousser à résoudre, à comprendre ce qui se trouve là, devant moi, comme si un message important y était caché, comme si je devais comprendre quelque chose... Mais qu'ai-je à comprendre, vraiment?
Deux hommes et une femme.

Je décide de me laisser aller, qu'importe ce qui arrivera. Que peut-il m'arriver de toute façon? Le plafond ne me tombera pas dessus et le plancher n'a pas l'intention de me tuer. C'est absurde de s'inquiéter autant des conséquences.

Je place donc la photo de la femme sur Haine... Après tout, les femmes nous mènent la vie dure à nous, les hommes... Un raisonnement con, sans aucun doute, mais bon, qui est là pour me juger? Je place une des deux photos d'homme sur Incompréhension et l'autre sur Perdu.
Toujours rien.

Cette fois, j'angoisse. Pourquoi.

Je m'approche des deux cadres masculins. L'une des deux silhouettes semblait plus costaudes, l'autre plus maigre, plus mince... Peut-être que...

J'inverse les deux photos d'homme. Je mets la plus costaude sur Perdu et je mets le plus maigre sur incompréhension. J'entends le mur de bois craquer derrière moi. Alerte, je tourne rapidement la tête et j'écarquille les yeux. La craque dans le mur semble s'agrandir, fendant les planches de bois du mur en plusieurs morceaux jusqu'à créer une arche assez grand pour me permettre de passer. Je tourne la tête vers les cadres.

Femme, haine. Homme mince, incompréhension. Homme costaud, perdu. Porte, espoir.

Une partie de moi me dit que je vais devoir retenir ça. Ainsi, j'emboite le pas vers la nouvelle sortie... Mais contre toute attente, ne débouche pas dans une pièce éclairée. Un long couloir plein d'embranchements. Les murs, couverts d'une tapisserie laide à motifs floraux, un vieux plancher en bois couvert d'un tapis rouge laid et usé... Et les cadres de silhouettes accrochés partout. Si ce n'était de l'anormalité de l'endroit, on aurait pu penser à un couloir d'une vieille maison...

Où étais-je? Et surtout, qu'y faisais-je? Un endroit anormal sans aucun doute, mais riche en réponse. Je devais trouver quelque chose ici, je le sentais, mais j'ignorais encore quoi. Un message m'était destiné et on tentait de me le faire comprendre... Il ne me restait qu'à suivre ce que j'ai dit en mettant les pieds ici : Il faut aller de l'avant et ne pas reculer.
J'emboite donc le pas dans ce nouveau lieu qui m'est autant familier qu'inconnu, en quête de vérité.

Personnellement j'adore :D

C'est plutôt bien écrit je trouve (même si je suis pas un pro) et l'histoire dégage une certaine ambiance. Ca me donne envie d'en savoir plus.

Bref, j'attends la suite :)

Je l'ai lu dans le train ce matin, et j'aime bien ta manière d'écrire.

J'attends la suite avec impatience également, mais si on pourrait savoir quelque chose sur son passé à ce mystérieux personnage ça serait encore mieux.  :)

C'est vrai que c'est intrigant, je me demande comment ça va se finir tout ça étant donné l'ambiance limite glauque du texte. BREF. SUSPENS QUOI.

Par contre, c'est pas une critique c'est une question de goûts très personnelle, mais faire des paragraphes de même pas une ligne ça ralentit trop le texte, alors peut-être que c'est voulu, donc si c'est le cas je m'en excuse x)

J'aime beaucoup !  :)
Je me demande bien quoi va arriver a cette personne.

Je rejoinds l'avis des autres , c'est super !

Juste une chose : a quand la suite ?   :D

Aaah ! La dualité de l'être, l'introspection de soi-même ! Le fameux thème de ma nouvelle, mais je pense changer, ça va être difficile de faire mieux !
C'est ... comment dire ... Extra ! Need la suite, quoi ! ^ ^

09 Mars 2010 à 01:54 #7 Dernière édition: 12 Mars 2010 à 01:53 par Isaac
Je frappe fort cette fois. Trois chapires.

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Chapitre 2

Je m'avance dans le couloir. L'endroit était sombre, mais quand même un minimum éclairé pour que je puisse bien distinguer les murs, la texture des tapisseries, les cadres et les embranchements. J'arrive à la première intersection. Je prends la gauche... Je marche encore quelques minutes, second intersection... Droite... Je marche encore, cette fois je fronce les sourcils... Intersection.

Un labyrinthe?

J'ai toujours eu horreur de ce genre d'activité. Je sais qu'étant plus jeune, dans les livres d'activité, je pestais contre ce genre de puzzle qui nécessitait à trouver le bon chemin, car ça nécessitait de revenir sur nos pas, de retourner en arrière si on se trompait et dieu sait que ça arrive souvent lorsqu'on cherche notre chemin... Surtout que, dans la situation actuelle, la présence des silhouettes dans les cadres créait un certain malaise assez lourd pour le moral. Je décidai donc d'arrêter après la cinquième intersection pour réfléchir.

Comment trouver son chemin dans un tel endroit? D'ailleurs, pouvais-je vraiment qualifier le tout d'endroit? Tout semblait si irréel... Mais la texture de la tapisserie, la dureté du sol, le bruit de mes pas emporté par l'écho, c'était bien réel...  Tout ça me rappelait quand je m'étais perdu à New-York lors d'un voyage scolaire. La panique dont j'avais été victime à la simple idée qu'on ne me retrouve pas... Je m'étais trouvé courageux, pourtant je suis un trouillard... Une simple araignée me dresse les cheveux sur la tête. Oui, courageux, car bien que j'aille un accent terrible en anglais, j'étais parvenu à m'informer auprès des gens pour retrouver mon chemin... Et j'avais dû aussi déchiffrer les indications qu'on m'avait fournies.

Indication.

Je lève la tête. Je regarde autour de moi. Les cadres. Perdu... Espoir. En principe, ce qui est perdu doit être retrouvé, on du moins, on tente de le retrouver... La silhouette de l'homme costaud... Le cadre était accroché à côté du chemin à ma droite. J'emprunte donc ma droite. Cette fois, il est accroché sur ma gauche, je prends ma gauche. Tout droit, droite, gauche, gauche, droite, tout droit... Je sens ma cadence s'accélérer malgré moi, je sens ma respiration devenir saccadée et haletante, mon cœur battre la chamade. La hâte d'arriver m'envahi, la crainte fait son œuvre, l'hésitation m'arrête.

... Et si justement, je ne voulais pas retrouver ce qui était perdu? Après tout, il y avait de la haine non?
Je regarde encore autour de moi... À chaque intersection, il y a la Haine, l'Incompréhension et Perdu... Lequel veux-je vraiment suivre? Je marche progressivement vers le chemin de «Perdu», pensif... Il n'est jamais trop tard pour changer de destination.
J'aurais pu être davantage d'accord avec mes propres dires si ce n'était qu'une porte en bois se tenait, là, devant moi, dans un cul-de-sac. J'avais atteint le bout du chemin. Le style de la porte était semblable à une porte de chambre et cadrait bien avec le thème des lieux.
Autant eu-je l'air hésitant il y a quelques minutes, autant maintenant la vue de la porte me poussait à finalement l'emprunter. Paresseux? Sans aucun doute, mais dans tous les cas, en ce moment toutes les possibilités étaient bonnes, il n'y avait pas d'erreur possible.

J'ouvre la porte.


Chapitre 3

Je referme doucement la porte derrière moi, puis je fronce les sourcils. C'était bien une chambre... Une chambre masculine à en juger par les meubles. Quelques dessins de vaisseaux et d'extraterrestres étaient accrochés sur un babillard au-dessus du lit. Un bureau avec une lampe en forme d'astronaute juste à côté de ce dernier. Au centre de la pièce, un tapis rond représentant la lune... Et au pied du lit : une bibliothèque pleine de jouets et de bibelots qui, évidemment, suivent le thème de l'espace. Quelques jouets et peluches trainaient ici et là dans la pièce au mur bleuté. Une faible lueur blanche s'échappait d'une fenêtre couverte d'un rideau bleu foncé, laissant deviner un ciel nuageux et morne. À ma droite, une commode et une garde-robe...

Je m'avançais lentement dans la pièce qui contenait deux portes, soit celle d'où je viens et une sur le mur à ma droite... Sans doute la chambre de bain, ou un accès à un couloir X ou Y, qu'importe finalement, ou du moins, je pensais que cela n'avait pas d'importance. La dite porte à ma droite s'ouvre, laissant entrer un enfant en pyjama rayé cyan et bleu foncé, les cheveux courts et bruns, les yeux noisettes, des taches de rousseurs bien évidents sur ses joues et son nez. L'enfant fige à ma vue. Il ouvre la bouche pour crier, mais sans attente, je mets mon index sur ma bouche pour l'inciter à ne pas agir.

- Du calme petit, dis-je, tu n'as rien à craindre... Je cherche mon chemin.

L'enfant fronce les sourcils, mais reste distant. Il se déplace lentement vers le lit.

- Vous aussi vous venez jouer avec moi?, me demande-t-il.

J'angle la tête, perplexe. «Aussi»? Je réalise que l'enfant ne semble soudainement pas apeuré, ni même surpris, comme si ma venue était... Prévisible? Il doit y avoir erreur sur la personne, d'où le «aussi»...

- Je ne suis pas venu jouer petit, répondis-je alors, je cherche simplement à sortir d'ici... Tu sais où sont tes parents, ils pourraient me fournir des indications?

Une question qui aurait pu sembler anodine pour n'importe qui, mais jamais je n'ai autant regretté d'avoir posé la question.

- Mon papa va arriver bientôt, se contente-t-il de me répondre.

J'acquiesce tout en restant distant. L'enfant caresse la tête de son ourson en peluche, désormais assis sur son lit.

- Et ta maman?

Il secoue la tête.

- Maman n'est plus là.

Je croise les bras. Donc son père va arriver bientôt. Dois-je l'attendre ou partir à sa recherche ou plutôt fuir? Car après tout, qui accepterait la présence d'un étranger dans la chambre de son enfant? Je serais le premier à en venir à la violence sans attendre.

- Vous n'êtes pas venu jouer avec moi alors? Mon papa aime beaucoup jouer avec moi...

Je sens mon cœur faire un bond. Je n'aime pas la direction que prend la discussion. Ma gorge se serre, ma voix va trembloter et marquer le manque d'assurance, je le sens.

- C... Comment ça?

- Les samedi après-midi, commence-t-il, ce sont les journées préférées de papa. Il ne travaille pas, alors il me demande de faire une sieste un peu plus tôt.

L'enfant dépose son ourson à son côté. Je recule lentement de quelques pas vers la porte que j'ai empruntée pour entrer.

- Il aime jouer avec mon astronaute qu'il dit, c'est un jeu très amusant... Un jeu de grand qu'il dit. Parfois j'aime pas ça, mais si je pleure il me donne de l'affection. Il a dit qu'il amènerait ses amis pour qu'on joue à plusieurs! Je pensais que tu étais un de ses amis...

Merde. Mon cœur battait comme jamais il n'avait battu, j'avais le goût de partir à la course. Je tâte derrière moi à toute hâte à la recherche de la poignée. Je mets rapidement la main dessus, je la tourne----elle bloque.

Oh non. Verrouillée.

- Éc...Écoute petit. Ne dis pas à ton père que je suis là d'accord. C'est... Une... Nouvelle règle au jeu oui. Si ton père me voit, tu as perdu le jeu et c'est pas amusant de perdre hein?
Au fur et à mesure que je parlais, je me déplaçais lentement vers la garde-robe. J'ouvre rapidement les portes de cette dernière et je m'engouffre dans l'obscurité. Jamais je n'eus un aussi bon timing car à peine la garde-robe fermée, la porte à droite s'ouvre rapidement, laissant entrer une silhouette imposante. Je regarde à travers les fentes de la porte de la garde-robe.

- Mon petit canard, c'est l'heure, dit la voix grave de la silhouette.

L'enfant regarde le vide un instant, puis se laisse descendre du lit. Il lève les bras. La silhouette imposante glisse lentement ses mains le long du jeune corps jusqu'à la taille. Non, c'est trop. Je tourne le regard et je ferme les yeux... En espérant que l'horreur ne dure pas trop longtemps. Mais être aveugle ne suffit pas, les rires et les soupirs, les mouvements et les frottements du tissus m'amènent à me boucher les oreilles, me plongeant ainsi dans ma bulle solitaire, seul dans l'obscurité du placard. Je dois penser à autre chose, je dois penser à autre chose, je dois penser à autre chose... Je ne dois pas penser à ma nullité, au fait qu'il y a là un horreur devant moi et que je suis impuissant, cloué dans le noir par ma peur... Penser à autre chose, penser à autre chose... Étouffer cette comptine glauque prononcée par la voix d'un pédophile.

Un, deux, trois, quatre, cinq, cinq doigts sur la joue de l'enfant...
Un, deux, trois, quatre, cinq, cinq doigts sur ce corps innocent,
Un, deux, trois, quatre, cinq, cinq doigts sur ce qui ne lui appartient pas,
Un, deux, trois, quatre, cinq, cinq doigts sur cet enfant qui ne parlera pas...

Chapitre 4

J'ouvre les yeux, je retire mes mains. Je regarde par les fentes de la porte de la garde-robe. L'enfant est seul, recroquevillé sur son lit. Je sors lentement.

J'avais le goût de vomir. Comment regarder l'enfant et dire quelque chose de bien en sachant qu'il y avait une chose aussi horrible qui venait de se passer.

- C... Comment t'appelles-tu, p...petit?, tentais-je alors.

L'enfant lève la tête vers moi.

- Alex...

L'enfant commence à pleurer en plongeant sa tête contre ses genoux. Malaise. Je n'ai jamais été bon avec les enfants, ce n'est pas mon fort... Cela explique sans doute pourquoi j'en n'aie pas. Je devais au moins lui trouver un tissus pour sécher ces larmes et avec un peu de chance, je pourrais l'amener avec moi, loin de cet horrible lieu.
Je tente alors la porte à droite de la garde-robe... Elle s'ouvre... Sur un couloir, encore une fois, mais plus normal par contre. Un buffet avec des photos à ma droite, un escalier à ma gauche. J'entendais le père bouger en bas. Droit devant moi, au bout du couloir, une porte ouverte donnant sur une chambre de bain...

Le père était imposant, si jamais il apprenait ma présence, j'étais un homme mort. Je fais donc le premier pas... Le second. Le plancher de bois est vieux, mais solide. Je retiens ma respiration, je plaque une main sur mon nez et ma bouche pour diminuer le bruit que pourrait causer un quelconque soupir. Pas par pas, je m'avance, lentement, mais sûrement. Un pied à la fois, toujours très doucement. La chambre de bain s'approche de plus en plus de moi. Je mets un autre pied devant...

Scrwink.

Le plancher craque. Je fige, l'écarquille les yeux. J'entends les mouvements du père cesser au rez-de-chaussée. J'attends. Les secondes passent... Puis les activités du père reprennent leur cours. Je soupir... Puis cette fois, au diable la subtilité, je me hâte. Pied après pied, en une quinzaine de secondes j'atteins la chambre de bain. J'agrippe la boîte de mouchoir sur le dessus de la toilette sans hésiter puis je me retourne, prêt à faire demi-tour.

Je vois blanc, je me sens tomber sur le dos. Ma vue est floue, mais ne tarde pas à redevenir net alors que quelque chose m'agrippe par le col.

- Espèce de p'tit con, tu veux m'dénoncer hein c'est ça!?

Je sens un liquide s'échapper de mes voies nasales. L'adrénaline m'envahit, j'agite les pieds et les bras. Je crois, sans en être totalement certain, que j'atteins un de son tibia dans mes mouvements puisque la poigne à mon col cesse soudainement. Je tousse un bon coup, puis je vois la silhouette reculer un peu, comme surprise de ma fourgue... Puis sans attendre, je ferme la porte de la chambre de bain et je la verrouille.
L'homme frappe dedans une fois, deux fois, trois fois... Puis les coups cessent. Je colle mon oreille : Silence total.
Je soupir de soulagement, j'en profite pour cracher du sang au sol. Je n'en revenais pas, un monstre pareil! Je regrettais de ne pas avoir mis l'homme costaud vis-à-vis «Haine». Je souffle un bon coup... Puis j'ouvre la porte subitement.

Un long escalier à l'extrémité plongé dans l'obscurité remplaçait désormais le couloir de la maison...

Endroit de fou.

C'est super intéressant à lire en tout cas car rien n'est prévisible, j'ai vraiment hâte de lire la suite!

XD c'est pas difficile de deviener ce qui va se passer à la fin du chapitre 3, c'est vraiment ignoble quand même, parce que malgré tout le lecteur espère que ça va pas arriver... :ninja:

En effet quelle histoire de fous , pourtant j'ai hate de voir la suite ! 

Chapitre 5

Je descendais les escaliers depuis je ne sais combien de temps... Quel temps d'ailleurs? J'avais l'impression qu'il avait arrêté, j'avais perdu la notion du temps... Tout était si irréel, mais pourtant c'était vrai, mais est-ce possible pour le temps d'être figé dans l'endroit où je suis?
Qu'importe, l'essentiel était que je n'avais pas le choix de descendre cet escalier sans fin, m'enfonçant ainsi marche après marche dans les ténèbres et l'angoisse de l'inconnu. Au fur et à mesure que je descendais, il faisait de plus en plus froid et le silence devenait imposant, lourd. Seul ma respiration et le bruit de mes pas sur ces vieilles marches de bois venaient rompre ce mutisme.

Je pose mon pied sur une surface plane. Aurais-je atteint le pied de l'escalier?  Je tâte à l'aveuglette devant moi avec le bout de mon pied... Cela semble être le cas. J'ai horreur de ne pas savoir vers où je me dirige, ça me pousse à faire confiance à mon instinct... C'est sans doute ça qui a nourri ma phobie du noir étant plus jeune... Si j'y vais lentement, je suis sûr de ne rien heurter. Après tout, les aveugles parviennent bien à avancer sans voir aisément, cela ne doit pas être si complexe.

Ainsi donc, je m'avance, tout doucement. Je tâte autour de moi, je touche quelque chose de dur... Un mur. Un guide, parfait. Je m'en rapproche et je le suis, toujours en prenant bien soin de vérifier qu'il n'y a rien à mes pieds. Doucement, tout doucement, je m'avance, ainsi, dans le noir...
Mon pied touche quelque chose. Je sens la chose souffler et se déplacer rapidement dans le noir, comme ramper à toute vitesse. Oh mon dieu quel horreur! Mon cœur fait un bond, je fige, mon sang se glace, un frisson me parcourt l'échine. Merde qu'est-ce que c'était!?
J'attends, l'oreille attentive... Le son ne se répète pas. Au diable la délicatesse, cette fois j'accélère le pas en suivant le mur, pour ne pas dire courir. Je fonce contre ce qui semble être une porte, me faisant ainsi tomber à la renverse dans le nouveau lieu.

D'abord aveuglé par le nouvel éclairage, ma vue prend un certain temps pour s'habituer. C'était un appartement. Je le devinais par la grande fenêtre du salon devant moi qui donnait sur une ville plongée dans la nuit. Je m'avance lentement dans le hall. Devant moi, un salon, rien de plus normal, à savoir une télévision grand format, un tapis, une table pleine de magasines, un divan large en tissus vert, une grande fenêtre.... Mon attention est portée vers la cuisine, d'où semble provenir un bruit. Quelqu'un fait la vaisselle, je ne suis donc pas seul.
Je m'avance donc lentement vers ladite cuisine, tout en regardant les murs blancs couverts de photos diverses... Voyage à Paris, en Inde, en Chine... Une femme habitait sans aucun doute ici, à en juger par sa présence fréquente sur les photos. Une femme blonde, quand même jolie... Mon regard accroche une photo, différente des autres. La même femme blonde, grande, mince, jolie, dans les bras d'un homme aux cheveux noirs, une faible barbe, des yeux bruns noisette... Pourquoi cette photo attire davantage mon attention au reste? Je lisais sur une plaquette : Élise et Charles, forever, even in the death.

L'évier dans la cuisine s'arrête. Je sens des pas s'approcher de l'arche de la cuisine. La femme blonde se tien là, debout, stupéfaite, les yeux rougies... Elle semble toutefois bien différente de sur les photos. Elle ne dégage pas cette beauté féminine, au contraire. Vêtue d'un coton watté trop grand pour elle, d'une paire de bas blanche et sale, les cheveux mêlés, cernée, les yeux rougis, pas maquillée... Elle a sans doute connue de meilleurs jours.

- Comment oses-tu venir chez moi sans même cogner ou m'avertir après tout ça?, me lance-t-elle comme un violent projectile.

Je cherche mes mots, mais je ne trouve rien. Je ne la connais pas, je ne sais pas où je suis ni comment elle me connaît... Mais je semble avoir un lien avec elle et d'ailleurs, que veut-elle dire par «tout ça»? Et comment lui expliquer que je n'ai pas choisi d'entrer ici et qu'il y a à peine une demi-heure plus tôt j'étais dans une maison sans doute à des kilomètres d'ici? De quoi appeler la police ou pire, l'asile!

- Écoutez, je vais partir sans faire d'histoire, c'est mieux ainsi, me contentai-je alors de dire.

La femme soupir d'exaspération. Elle porte ses mains à ses tempes, fermant les yeux. Puis elle me regarde droit dans les miens.

- Écoute, je n'ai pas choisi que ça prenne cet ampleur...  Je ne savais pas que...

Je sens ses larmes monter à ses yeux. Sa voix devient rauque, sa gorge se serre sans doute. Je pince les lèvres, en attente de la suite.

- Il vaut mieux que tu partes, je ne suis pas prête, c'est encore tout récent.

Je dois faire un choix. Prendre le risque de rouvrir la plaie, peu importe sa cause, en lui demandant de quoi elle parle, en quoi consiste le «c'est», ou jouer le jeu et partir sans dire un mot...

- Et le pire dans tout ça, c'est que tu es si froid, si impassible si... Distant, on dirait que ça ne t'affecte pas... Que t'est-il arrivé? Qu'es-tu devenu? Es-tu au moins conscient?

Encore un «ça».

Un bruit lourd semble provenir d'une des chambres derrière moi, au bout du couloir. Je regarde la femme, qui semble indifférente. Je me recule lentement, les sourcils froncés. Elle ne semble pas porter attention au fait que je me désintéresse d'elle pour m'attarder au bruit. Le bruit lourd se répète, comme si on laissait tomber quelque chose de lourd sur le sol. J'ouvre lentement la porte, qui donne sur une chambre qui contient un simple lit blanc aux couvertures pleines de motifs rouges.

... Ce ne sont pas des motifs.

Mon regard suit les supposés motifs lentement jusqu'à une jambe, puis un bassin sur le plancher, puis un corps... Nu, sans vêtement... C'était le corps de la femme. Les yeux étaient manquants, les orbites anormalement agrandis et rouge sombres, la mâchoire cassée et bien ouverte, le corps couvert de sang. Je note la présence de trace de main sur les couvertures... Aurait-elle... Ramper hors du lit?!

Mon cœur veut sortir, je plaque ma main contre ma bouche alors que l'odeur de décomposition monte dans mon nez. Prise d'une soudaine crise de panique devant l'horreur, j'ai un mouvement de recule, je titube hors de la pièce vers le mur derrière moi du couloir où je prends appui... Ce n'était pas... Possible! Comment pouvais-je voir son cadavre alors que la femme était juste là, dans l'arche de la cuisine...

Je tourne la tête pour regarder l'arche de la cuisine. J'écarquille les yeux, je me redresse et je regarde ce qui a été jadis le couloir.
Le couloir d'appartement aux murs blancs couverts de cadres souvenirs, au planché de bois flottant couvert d'un beau tapis rouge était désormais un long couloir qui courbait, s'inversant en chemin, le plancher étant le plafond au bout et vice versa... Les cadres souvenirs avaient désormais fait place au cadre de la silhouette féminine formant géant, distancés également sur les murs, aux bois vieux, craqués et au mur tapissé de la laide tapisserie floral. Au bout, une porte de chambre. Je m'avance, incertain, et étrangement, malgré le fait qu'au fur et à mesure que j'avançais, je me retrouvais à l'envers d'où j'étais avant de m'avancer, je ne tombais pas. Un phénomène anti-gravité, dans l'art de l'être. J'ouvre la porte.

Chapitre 6

Retour dans l'appartement de la femme... Ou du moins, quelque chose de semblable. Les lieux étaient méconnaissables. Le mot « haine » était gravé partout, sur les murs dans la tapisserie, sur le plancher, sur le plafond. Le cadre de la silhouette féminine aussi, il n'y avait pratiquement plus de meuble, que des boîtes qui donnaient l'impression d'un futur déménagement... Mais la disposition des pièces était la même. Je m'avance lentement dans le salon... Au sol, un message, écrit en sang.

«La haine apparaît facilement,
On sent le besoin de donner un châtiment,
Mais est-ce que les mêmes règles s'appliquent au pardon?
Les sentiments humains sont un jeu avec lesquels nous nous amusons».

Je fronce les sourcils. Je lève la tête vers là où jadis il y avait la télévision. Désormais,  deux «choses» enveloppées dans du tissus et de la corde accrochés contre le mur remplacent le tout. Je devine qu'il s'agit de corps humains, un maigre et un plus costaud. Étrangement, cette fois, j'étais indifférent, comme si l'absurdité de la situation était trop grande pour que mon cerveau puisse réagir convenablement. C'était deux morts, sous ce tissus qui les entoure, deux humains qui ont vécu, respirés tout comme moi... Et pourtant, j'étais si indifférent.

Au-dessus du plus maigre, je retrouve le mot «Haine». Au-dessus du plus costaud, j'ai «Perdu». Entre les deux corps, le cadre de la femme et de son amoureux, avec le même texte, «Forever, even in the DEATH». Chacun des deux corps avait une clef... Le principe était sans doute le même qu'à l'écurie et le labyrinthe, à savoir que je devais faire un choix et cela aurait des conséquences sur la suite des choses.

Peu importe qui était derrière tout ça, il s'amusait avec moi, il me testait, tout en essayant de me faire comprendre une chose, quelque chose que j'ai dû oublier, que j'ai dû faire, quelque chose que j'ai dû vivre... C'était sans doute ça le fameux «ça» que la femme ne cessait de répéter... Pour l'instant, je devais faire un choix.

Voulais-je poursuivre dans la Haine, ou toujours retrouver ce que j'avais Perdu? Moi, deux corps, deux mots, un choix. J'étais là, debout, hésitant, conscient que ce n'était pas comme choisir un fruit à l'épicerie ou de prendre une route particulière dans une ville... Garder mon sang froid, je dois garder mon sang froid...

Vraiment exelent et captivant comme histoire.Tu as du talent pour l'écriture c'est indéniable.

Comme le disent les autre : "Vivement la suite"  :)

Quelques rares incohérences stylistiques et littéraires venant à peine ternir l'éclat d'un texte captivant, touchant, et portant à la réflexion.

12 Mars 2010 à 02:24 #14 Dernière édition: 13 Mars 2010 à 17:48 par Isaac
Edit: Je vous annonce avoir terminé la rédaction du récit. Il fait 34 pages word, contient 17 chapitres + un épilogue. Je vais donc passer quotidiennement rajouter les chapitres manquants. N'hésitez pas à poster vos commentaires sur l'intrigue et le récit, c'est un des rares que je termine :)


Chapitre 7

Je regardais la porte d'entrée à l'appartement, puis la clef dans ma main. Je pris une grande respiration et inséra celle-ci dans la serrure. La porte s'ouvre dans un déclic satisfaisant. J'espérais avoir fait le bon choix.

La nouvelle pièce était petite, digne d'un placard. Une échelle uniquement, et un cadre, celui de la silhouette de Perdu. Je pose ma main sur le barreau de l'échelle et commence ma montée doucement. Barreau après barreau, je monte, encore et encore. Je vois défiler les cadres «Perdu» sur les murs au fur et à mesure que je m'élève. J'étire mon bras, j'agrippe un barreau, je me hisse, et je répète ce même mouvement rythmé et déterminé.
Je vois une lampe sur le mur que je grimpe, à l'horizontale, encore un cadre, couché sur le côté cette fois. Je fronce les sourcils, puis je m'arrête. Le mur sur lequel était accrochée l'échelle était passé de la fameuse tapisserie laide à un plancher de bois... Donnant l'impression de grimper une échelle sur le plancher d'un couloir mis à la verticale...
J'étire mon bras, j'agrippe un barreau, puis je regarde autour, stupéfait : J'avais atteint le sommet de l'échelle. Je ne voyais toujours pas le plafond, ce dernier étant encore bien haut, bien loin dans l'obscurité. Je ne voyais plus non plus le pied de l'échelle. Que devais-je faire? Redescendre?

Le barreau qui tient mes pieds cède. Je glisse et je tombe. Je vois défiler les cadres, j'entends des pleurs, des cris de rage, des rires glauques... Et je sombre dans l'inconscience.



Chapitre 8

- Ce n'était pas nécessaire d'en arriver là... Pourquoi, pourquoi...?

* * *

J'ouvre les yeux. Je suis dans une chambre, ensoleillée. Une chambre de bébé, visiblement. Les murs sont d'un bleu pastel et le plancher recouvert d'un tapis gris. L'endroit est plein de boîtes, à l'exception du berceau qui est bien en place dans le coin. Une femme aux longs cheveux noirs, vêtue d'une robe d'été, faisait face à la fenêtre. Je m'approche doucement de la femme, les sourcils froncés.

La femme tourne le regard vers moi. La vie brillait dans son regard bleuté, elle était si belle, si rayonnante. Elle ne semble toutefois pas surprise de ma venue. D'un geste doux, pleine d'assurance, mais à la fois d'incertitude, elle glisse sa main le long de ma joue... Elle pince les lèvres alors que ses yeux s'emplissent d'eau.

- Tu es si beau, dit-elle.

Je fronce les sourcils, l'incompréhension devait se lire dans mon visage... Je ne pouvais appuyer ses dires, après tout je ne m'étais pas regardé dans un miroir depuis bien longtemps. Je me contentai donc de forcer un sourire.

Elle traîne lentement les pieds vers le berceau, d'un geste qui laissait presque penser à l'épuisement.

- Nous essayons d'avoir un enfant..., enchaîne-t-elle par la suite. Les choses ne vont pas à notre avantage... Mais nous gardons espoir. Ce sera son lit.

Je suis son regard vers le lit.

- Si c'est une fille, nous l'appellerons Sarah. Si c'est un garçon, nous hésitons encore sur son nom... Aurais-tu une idée, toi?

Je secoue la tête par négation, toujours bouche bée devant la splendeur de la femme. Cette dernière s'avance vers moi, toujours d'un pas léger, presque flottant. Elle pose sa main froide contre ma joue.

- Je lui apprendrai les bonnes choses, me dit-elle par la suite.

- Les bonnes choses?, répondis-je alors.

Mon regard était plongé dans le sien. Nous restâmes muets quelques instants, puis son sourire s'élargie.

- Oui... Comme... Comment c'est absurde de fermer les yeux et de s'inventer des mensonges... Et combien c'est dur d'accepter la réalité.

La porte s'ouvre d'un coup et du sang se met à couler du pubis de la femme. J'ai un geste de recul qui semble surprendre la femme...
L'homme costaud, le père du pauvre petit Alex, les bras chargés de caisses et de boîtes, venait d'entrer dans la même pièce. Une soudaine migraine vient trouer mon crâne, la douleur me lève le cœur. Le mot «Réalité» martèle mon esprit, me clouant progressivement au sol. Mes mains se crispent dans le tapis désormais sale, la douleur se transfert à ma poitrine. Mon cœur bat trop vite, trop vite... Puis tout s'arrête. Le soleil a disparu, laissant place à un ciel plus gris, plus triste.

Les murs bleu pastel étaient désormais des murs de plâtres blancs, troués à quelques endroits. Une boîte électrique sortait du mur juste au-dessus du berceau laid en bois faible qualité. Il manquait un contour à la fenêtre, mettant en évidence l'isolation du mur. Assis sur une chaise en bois laide, une femme, aux cheveux noirs, faisait face à la fenêtre.

Je vomis.

Je titube vers la femme. J'entends un petit hoquet de bébé. La femme lève le regard vers moi... Sa splendeur n'était plus. Cernée, le visage couvert de plaques rouges et de saletés, une cigarette à la main, l'enfant maigre et pâle sur ses cuisses, des seringues partout autour d'elle, les avant-bras couverts d'égratignures.

- Qu'est-ce que tu m'veux connard, me lance-t-elle sans aucune douceur.

Bouche béante, je me contentais de reculer. Le bébé commence à pleurer.

- Ah non. JOHN! LE P'TIT CON COMMENCE ENCORE À PLEURER.

J'entends «John» beugler une série de jurons inaudible, suivi d'un «Tape-le!»... Ce que la femme fait, accentuant les cris de l'enfant. La femme persiste, un coup, deux coups, trois coups... Chaque coup que recevait l'enfant me frappait, moi, ma vision, mon cœur, ma psychologie... Je me mets à trembler, je sens les larmes couler malgré moi. Salope. Salope de femme. Salope de mère...

... Et je le fais malgré moi, sans comprendre vraiment pourquoi. La femme échappe le bébé au sol, porte sa main à sa gorge en toussant, d'où giclait du sang depuis une seringue plantée dans sa chaire. Elle tousse, suffoque, crache du sang, rampe vers moi... Puis meurt, étouffée par son propre sang... Anormalement beaucoup de sang. Je me recule doucement pour regarder le spectacle... Il coulait aussi du sang depuis son entre-jambe... Sang qui vint entourer l'enfant. Je me penche et je regarde le bébé. Je plonge mon regard dans le sien, il cesse de pleurer, il me regarde, il me sourit, il rit. Je sens mon cœur fondre devant ce germe de vie, devant cette beauté, devant cette chose qui ne mérite que de l'affection. Les nuages dans le ciel laissent petit à petit passer quelques rayons de soleil. Je me relève, le bébé dans les bras. Le corps de la femme n'est plus là. À l'extérieur,  un énorme champ et une ferme au loin... À l'entrée de la maison, je vois une limousine s'arrêter. Le chauffeur de cette dernière ouvre la porte, laissant ainsi sortir une femme chiquement vêtu, les mollets bien visible, des lunettes de soleil voilant son regard.

L'homme costaud marche le long de l'allée de pierre jusqu'à la voiture. Les deux personnes discutent. La femme donne un document au père de l'enfant et ce dernier jette un regard vers ma fenêtre... Et le mien glisse vers le bébé, vers «Alex»...

Mort de mère, père gagnant. Jeu cruel.

Chapitre 9

Je n'avais plus rien à faire dans la pièce du bébé. Le garder avec moi amènerait des soupçons. Après tout, peut-être que cet endroit est bien réel et que je voyage d'un lieu à l'autre malgré moi, qui dit qu'on ne trouvera pas quelques uns de mes cheveux sur ce tapis dans six mois... C'est donc le cœur brisé que je déposai le bébé dans le berceau avant de tourner les talons vers la porte de la chambre. Je l'ouvre d'un geste las... Pour déboucher encore une fois, dans la chambre de l'enfant.

Plus rien ne me surprenait désormais. C'était la version bleu pastel de la chambre... Une porte blanche, directement en face de moi sur le mur opposé de la pièce constituait le seul élément supplémentaire. Je m'y dirige avec hâte, je l'ouvre. Encore la chambre de l'enfant, cette fois la version délabrée, sale, pauvre, triste... «Mary» était gravée partout sur toutes les surfaces de la pièce... Était-ce le nom de cette femme aux cheveux noirs?

J'ouvre la porte du côté opposé... Chambre bleu pastel. Porte côté opposé, chambre triste... Au fur et à mesure que je revisitais les pièces, j'entendais des pleurs de bébé au loin, accompagné des pleurs d'une femme, des cris de douleur, d'agonie... Bleu pastel, chambre triste, bleu pastel, chambre triste... Vide.

Il n'y avait plus de porte... Mais un cercueil.

«Mary Saunders, elle n'aura su donner ce qu'elle voulait le plus au monde: Le bonheur».

J'entends les murs craquer, comme si un grand vent soufflait sur l'endroit depuis l'extérieur. Une goutte d'eau tombe sur mon front, me faisant sursauter au contact glacé. L'endroit tombait en ruine progressivement... Aucune autre porte... Mais malgré ces détails, j'étais comme hypnotisé par la vision du cercueil. Je m'en approche doucement et je fais ce que j'ai fait de plus morbide jusqu'à maintenant dans ma vie, exclu ce que j'ai fait avec la seringue : j'ouvre le cercueil.

À l'intérieur, « Mary » reposait, le corps maigre, cerné, les plaques rouges toujours visibles sur son visage, une cicatrice fraîche faisait la largeur de son cou... Et le corps tenait entre ses mains un couteau. J'approche lentement ma main de la sienne... Sa peau est si froide.
Je lui ouvre lentement la main et je glisse doucement la mienne autour du pommeau de la dague. Je retire lentement ma main.

Elle m'agrippe subitement la main en poussant un violent cri strident. Je tombe à la renverse, je m'aide de mes pieds pour me reculer le plus loin possible du cercueil alors que ce dernier renverse sur le côté, permettant à «Mary» de ramper hors de la boîte de mort.

Mon cœur battait à l'accéléré, je sentais mes membres trembler, incapable de détacher mon regard de la chose mouvante. Horrible vision. Fuir, fuir, je dois... Fuir!
Je tâte le mur derrière moi. Mary approche progressivement... Je me tasse un peu à ma gauche, encore un peu... Puis enfin, je touche la porte. Je lève un peu plus mon bras pour agripper la poignée, je la tourne... Je glisse. Mary m'agrippe la cheville, je donne un coup.

Elle est morte, elle n'est pas réelle...!!!
Sa respiration était rauque, ses yeux livides et blancs, son teint gris... Son autre main se crispe sur mon chandail.... Non!

- Tu...

Elle s'approche un peu plus.

- T... Tu... Tu es...

Son visage est à quelques centimètres du mien. Elle ouvre anormalement grand la gueule...

- T... Tu es mo...

Je sens lentement l'énergie me quitter, ma poigne se relâche sur la dague.

- Tu... Tu es...

Non, je ne me laisserai pas avoir, non, cela ne peut pas être vrai! Cela-ne-peut-pas-être-vrai!

- Tu es morte.

Son corps tombe mollement au sol, immobile.
Je souffle un bon coup, la respiration haletante, tous les muscles de mon corps encore tendus... C'était ce salaud de mur de brique, le père d'Alex, qui l'a... Ma main se crispe sur le pommeau de ma dague. Je me lève d'un coup, j'ouvre la porte d'entrée de la pièce et je débouche dans une chambre à couchée.

Mary reposait, fraîchement égorgée, sur le lit... Et son « époux» en train de la baiser comme une bête féroce.

- Maman?, lance une voix enfantine.

Je me retourne rapidement... Pour apercevoir Alex, plus vieux cette fois, sans doute aux alentours de dix-onze ans, dans l'arche de la porte.

- Mon petit marin, maman et papa sont occupés, peux-tu partir...?, lance ce fils de pute de père.

Je m'agenouille devant Alex, je pose une main sur son épaule.

- Je m'occupe de tout, n'aie crainte...

Alex me regarde droit dans les yeux, un regard mélangeant crainte et curiosité. Je l'incite d'un geste délicat à reculer un peu et je ferme la porte. Dague en main, je m'avance vers le père.

- Tu ne toucheras plus aucun enfant, connard.

Dans les films, cela semble toujours facile de tuer... Un simple geste, un peu de sang, et c'est fait. On penserait en principe que plus la haine est grande envers la personne, plus le geste est facile... Mais le meurtre est souvent conséquence d'un geste involontaire. Ma haine envers cette personne était grande, et je commençais à douter de la signification du mot «Perdu». Pourquoi voudrais-je le retrouver, lui? Surtout qu'aux dernières nouvelles, la silhouette féminine n'est pas celle de Mary, mais de cette femme que j'ai rencontrée à l'appartement... Alors que je m'approchais du salaud, je sentais ma gorge se serrer. Il se lève et me fait face. Je vois en son regard un certain regret, une certaine peur... Peur de quoi? De moi? Le type qu'il a violement cogné plus tôt?

Nous nous regardons, mais aucun de nous ne parle. Mon regard glisse sur le corps de Mary, puis sur l'homme devant moi. Un seul geste et c'est fini. Je fonce vers lui, couteau devant. Je m'écrase contre le mur de brique, l'impact est soudain et violent. J'ai un geste de recul alors que l'homme regarde la dague plantée en son ventre... Il pose ses mains contre celle-ci, puis tombe à genoux... Et finalement, tête contre le sol. Je regarde mes mains couvertes de sang, ainsi que mon pantalon et mon chandail souillés...

Chapitre 10

Alex n'était plus dans le couloir... Et d'ailleurs, quel couloir? Le couloir était désormais une énorme pièce carrée... De nombreux cadavres accrochés par les pieds, les mains attachées dans le dos, pendaient du plafond. Les quatre cadres étaient accrochés un peu partout. Les murs étaient, comme toujours, tapissés de la laide tapisserie florale. Sous chaque cadavre, il y avait une croix de plantée dans le sol. Je comptais neuf croix. Sur chaque croix, un mot.

Justice, rancune, regret, affrontement, passé, avant, tristesse, refoulement, peur.

Une porte, au côté opposée de la pièce, constituait l'unique sortie de l'endroit. Dans le bois de la porte était gravé un message... C'était un conte pour enfant que je me rappelais avoir déjà lu au primaire.

«Et le prince décida d'affronter le terrible dragon qui avait su terroriser tout le village de son enfance. Innocence fut enlevée, mais justice fut faite. Le dragon était désormais enfermé au château. La mort n'était pas la solution, alors qu'était-elle?»

Suivi d'un passage écrit avec du sang...

«Le prince est courageux, mais le prince est humain. Le prince est incompris, car le prince est différent. Le prince a perdu, mais il a gagné. Il est allé de l'avant, mais un événement imprévu l'a fait reculé. On gagne, on perd, on vit, on meurt... Que doit-on gagner et que doit-on perdre?»

Donc si je résume, je devais retirer du sol certaines croix. Combien? Je l'ignorais, mais bref, certaines croix ne devaient pas être retirées... Je devais sans doute enlever ce que je voulais perdre? Ou ce que j'avais perdu?
Je fais le tour des croix, je lève les yeux vers les cadavres pendants... Je réfléchis, j'hésite. Un seul faux mouvement et j'allais sans doute le regretter... Mary, que dois-je faire?

Chapitre 11

Rancune... C'était le plus évident. Quelqu'un de rancunier ne va pas de l'avant, il recule. Je soulève donc la croix... Et elle reste levée. Rien de changé... Je me déplace lentement vers «Regret» et je fais le même mouvement...

Le cadavre au plafond me tombe violement dessus... Suivi d'une traînée de sang... Qui ne cessait de couler du plafond.

Merde. En bref, plus je me trompe, plus l'endroit va se remplir rapidement de sang. Génial. Dans tous les cas, je devais garder mon calme... S'énerver ne mènerait à rien.

Rapidement, je courus vers la croix «Passé». Je la lève... Rien. Parfait. Je cours aléatoirement vers la prochaine... «Justice»... Non, je n'y touche pas. La suivante. «Tristesse». Je lève, aucun effet. Parfait... «Refoulement». Je lève, aucun effet. Il ne restait donc que «Peur» et «Affrontement»... Je lève «Affrontement». Le cadavre au-dessus tombe violement, dans un bruit sourd et dégueulasse... Le sang coule du plafond... La pièce se remplissait anormalement rapidement... Le sang en était déjà à mes chevilles... Je cours vers «Peur» et je lève sèchement la croix... La porte s'ouvre...

Et tous les corps tombent d'un coup... Des cris inhumains se font entendre... Et ce ne sont pas les corps qui les poussent. Un énorme frisson parcourt mon dos et l'adrénaline me pousse à courir vers la porte... Peu importe ce qui a poussé ce cri, ce n'était pas humain et ça dépassait sans doute le cadavre «vivant» de Mary...!

Je ferme la porte d'un coup derrière moi... Mais à peine ai-je le temps de reprendre mon souffle que j'entends un déplacement derrière moi. Je me retourne rapidement... Une silhouette, dans l'obscurité.

- Attendez!, lançai-je avec espoir.

Je pars donc aveuglément à la course de l'individu. Il tourne sur la gauche, puis sur la droite.

- Revenez!

Je me serais presque cru dans un film où j'espère que la chose qui fuit aura pitié de moi et écoutera mes appels... C'était peine perdue... Visiblement, la personne ne voulait pas s'arrêter. Elle ouvre une porte, je fais pareil... De retour à l'appartement de la femme... Cette fois, c'était l'aube. La femme était assise dans le salon.

J'étais presque gêné d'aller à sa rencontre... Je devais être dans un sale état. Couvert de sang, quelques trous dans les vêtements, j'ai évidemment connu de meilleurs jours. Heureusement, je n'ai pas eu à me soucier longtemps de mon apparence, la femme m'invita à entrer.

Cette fois, elle ressemblait plus aux cadres accrochés au mur. Elle m'invite à m'assoir à côté d'elle sur le gros divan en tapotant la place à ses côtés. J'obéis sans me poser de question. Elle prend mes mains, je ne bronche pas. Elle me regarde dans les yeux, je n'ai pas la force de faire pareil... Tout est si mécanique, si irréel, si...

Je secoue la tête.

- Qui êtes-vous?

Elle secoue la tête, comme déçue.

- Tu ne sais donc vraiment pas? Nous avons une chose en commun...

- Je vous connais?

Elle acquiesce sans dire un mot.

- Comment vous appelez-vous?

Son regard se fait froid, presque noir. Elle serre un peu plus sa poigne sur mes mains. Je grimace, mais je reste stoïque.

- Je suis la Haine.

- Je ne vous crois pas. Vous êtes sujet de haine, mais vous ne l'êtes pas. Vous avez un nom. Mary en avait un, Alex en a un. Quel est le vôtre?

Elle relâche mes mains et se lève, fait quelques pas dans la pièce et me regarde, un mince sourire accroché aux lèvres.

- Et toi, quel est ton nom? Sais-tu au moins qui tu es?

«Haine» venait de toucher une corde sensible... Je ne m'étais jamais vraiment interrogé sur ma personne depuis que j'errais dans ce lieu. Tout ce que je sais, c'est que je suis venu ici, il y a fort fort longtemps, durant mon adolescence et que cet endroit m'aspirait de la crainte... L'endroit m'était si familier... Bouche bée, je lève le regard vers «Haine». Elle a un léger rictus, puis pose ses mains sur ses hanches.

- J'ai un vrai nom en effet, lance-t-elle ensuite, mais à tes yeux je suis la Haine, la Haine la plus pure, la Haine la plus dégueulasse qu'il soit. Tu me détestes, oui, tu me détestes, car je t'ai pris quelque chose et que tu ne l'as jamais retrouvé.
Je fronce les sourcils. De quoi parlait-elle? Était-ce encore le fameux «ça» de notre dernière discussion? Je baisse le regard vers mes propres mains, encore tachés de sang.

- Et... Qu'ai-je perdu?, lançai-je d'une voix presque inaudible, comme absent.

- Creuse, creuse dans ta mémoire, dans le plus profond de toi-même. Tu le sais ce que tu as perdu, seulement tu ne veux pas encore l'accepter, car je te ronge de l'intérieur, je contrôle tes muscles, tes os, ta pensée.

Je détourne le regard.

- Comment se sent-on, quand on sait qu'on a fait quelque chose de mal? Quand on se sait différent, mais qu'on ne l'accepte pas? Tu regrettes... Mais le regret ne ramène pas les choses comme avant. Tu peux seulement tenter de réparer ce qui peut être sauvé, le reste ne revient pas.

Je me lève lentement, je me tourne vers la porte d'entrée de son appartement. Mon cœur était lourd, blessé, mais pourquoi? Pourquoi avais-je peur? Pourquoi étais-je triste? J'ignorais de quoi elle parlait, c'est à peine si je savais ce que j'étais moi.

- Quand tu seras prêt, tu comprendras.

J'acquiesce et je m'avance vers la porte sans dire un mot.

- Et quand tu comprendras, tu progresseras, Alex Saunder.

Ce fut un violent couteau dans mon corps déjà faible et épuisé. Je m'écroule au sol, inconscient.

Chapitre 12

- Je m'étais juré que je retournerais les voir de temps à autre... Après tout, il n'était pas méchant, je savais qu'il m'aimait quand même un peu, même après tout ça... Il m'a offert un minimum d'amour, ce serait la moindre des choses... Mais j'avais mal, oui, j'avais mal, car je savais que les gens nous regardaient... Je ne voulais pas refaire les mêmes erreurs.

* * *
Appartement aux murs tapissés... Je commençais à être habitué de me réveillé dans cette version de l'environnement. J'entendais au loin des pleurs, des cris inaudibles, des cris inhumains. Je n'étais pas seul et l'endroit était désormais un terrain hostile... Mais ce n'était pas comme avant, pas comme mes autres visites. Les murs semblaient fondre, il pleuvait à l'intérieur, comme si le décor même pleurait.

Je m'avance vers le salon : «Haine» n'était plus là. Évidemment, mais il y avait tout de même une note écrite en sang sur le mur, cela devenait une habitude.

«On retrouve ce qu'on perd,
Mais pour se faire,
On doit chercher,
Là où on s'est égaré.

Retourne au lieu que tu redoutes,
Pour mettre fin à tes doutes,
Ce que tu cherches t'attend,
Tu y trouveras quelque chose de satisfaisant»

Je devais donc me rendre au lieu que je redoute... J'avoue que sur le coup, depuis le début, j'ai toujours visité les mêmes lieux... L'appartement, la maison d'Alex... Non, ma maison... Et les lieux étaient toujours liés de décors et de couloirs plus ou moins cohérant et réels... Et toutefois, un chemin parmi ces portes, parmi tous ces chemins que j'ai emprunté, devait m'amener à «la» place à réponses...

J'ouvre la porte de la chambre de «Haine». Le corps de la femme est encore présent. Les autres portes sont verrouillées. J'ouvre la porte d'entrée, couloir. Je cours jusqu'à l'autre bout, une porte. La hâte d'avoir enfin réponse à mes interrogations devenait de plus en plus grande, me poussant à accélérer. J'ouvre la porte, un autre couloir, je cours.
Sur les murs, les cadres de la femme et des deux silhouettes masculines... Ils étaient partout. Haine, incompréhension, perdu. Haine, incompréhension, perdu...

Intersection. Quelque chose passe devant moi rapidement. Je pars à ses trousses. C'est une personne, je le devine par ses mouvements. Elle tourne sur la gauche.

- ATTENDS MERDE!

La silhouette noire tourne à gauche, puis à droite, puis à gauche... Je suis traversé par une silhouette, plus mince cette fois, masculine sans doute. Je pars à ses trousses... Dans ma cavale, je croise la silhouette féminine... Je pars à ses trousses... Intersection, porte, couloir, intersection, porte, porte, couloir... Les mêmes décors répétitifs, sans fin, triste, ce même mur fondant que je suis lassé de voir, ce même plafond dégoulinant... Et trois silhouettes, une par cadre. Je dois retrouver Perdu et ignorer les autres...

Je notais la présence grandissante de cadavres et de corps pendus au fur et à mesure que je poursuivais les ombres ambulantes, l'endroit devenait progressivement plus glauque, plus sombre, plus triste, plus morbide...

Je m'arrête. Je suis seul. Seul dans un lieu inconnu. Seul dans un lieu triste. Je suis égaré, je suis isolé, je suis terrifié, angoissé. J'ai le cœur lourd, l'envi pressante de pleurer, de hurler, d'abandonner...

Ce lieu était trop lourd pour moi et la crainte de ne jamais retrouver «Perdu» devenait grandissante. Pourquoi «Perdu» m'affectait tant? Et qui était «Haine»? Et qui, surtout, était représenté par «Incompréhension»?

Je craque. Je me laisse tomber à genoux, puis je commence à pleurer, pleurer comme je ne l'ai jamais fait, pleurer jusqu'à m'étrangler par ma propre douleur intérieure. J'ai mal, oui, j'ai mal, j'ai peur de progresser, peur de ce qui m'attend, j'ai perdu quelque chose et je ne suis pas capable de le retrouver, je suis coincé dans ma propre peine, dans ma propre douleur intérieure. La plaie est grandement ouverte et le sang coule à flot. Tout ce que je voulais, je n'ai pu l'avoir et désormais je n'amasse que les miettes.

Mon avant bras gauche me gratte.

Je pleure, je tousse, je me racle  la gorge, je tremble. Mes mains se crispent sur le plancher de bois. Je le frappe, je hurle, je pleure...

Mon avant bras gauche me gratte.

Je frotte mes yeux du revers de ma main droite, puis je soulève lentement ma manche. Je fronce les sourcils devant cette découverte que je n'avais aperçue plus tôt... Mon avant-bras était couvert d'égratignures.

Roumnf

Je sursaute. Un placard, à ma droite.

Roumnf Grmmmmmmmm

Je me lève, incertain. Je m'avance vers la porte du placard. La main tremblante, je tourne doucement la poignée... Puis j'écarquille les yeux.

Deux corps imposants, dépourvue de peau, de bras, de tête, une chevauchant la deuxième, poussaient de longs gémissements... Ces trucs baisaient!?
Je referme la porte sans hésiter. Au loin, dans l'obscurité, des bruits rapides et secs. J'aperçois dans l'ombre une chose ramper rapidement.

Je n'étais pas seul...

Mais c'est COMPLETEMENT GLAUQUE!
Mais QUEL SUSPENSE!
Mais VIVEMENT LA SUITE!

J'ai lu les 5 premiers chapitres et je pense que j'ai eu ma dose pour aujourd'hui.
Le style d'écriture qui se dégage de l'histoire est un mélange entre l'angoisse, l'horreur et incompréhension qui rend vraiment bien.
Bravo à toi !

J'adore , le style changeant de ravissant a certains endroits a carèment morbide dans d'autres est génial !

Ce qui est bien dans cette écriture, c'est que tout est fait pour rendre crédible l'histoire, bien qu'elle soit totalement impossible. :)

Morte de rire à l'avant dernier paragraphe du chapitre 12, j'aime bien le décalage avec la situation et la pauvre mec choqué XD

13 Mars 2010 à 17:34 #21 Dernière édition: 13 Mars 2010 à 17:38 par Isaac
Note: On y est presque les amis :)

Chapitre 13

Je courrais comme jamais je n'avais couru. Je pourrais même dire que je courrais pour ma vie... Mais quelle vie?  En avais-je vraiment une? Pouvais-je dire qu'en ce moment je vivais? Si je vivais, que vivais-je exactement? L'angoisse, l'incertitude, la crainte? Ou plutôt, l'espoir, l'espoir que je verrais un bout à ce chemin, que je verrais une conclusion, un épilogue...

Les choses rampaient, sautaient... Je faisais presque pareil tant l'épuisement était douloureuse dans mon corps. Je sautais par-dessus les trous dans le plancher, par-dessus les meubles trainants comme des caisses, des boîtes, des trucs renversés. Les silhouettes dans les cadres me regardaient défiler, poursuivi par des choses, des matérialisations de mes pires cauchemars...

Malheur, je fis face à face avec une de ces choses... À la tête ovale, allongée, rose foncée avec une fente dans le milieu d'où s'échappait une longue langue digne d'un caméléon... Le reste de son corps était typique de celui d'un humain masculin, exclu l'absence de chaire.
J'étais sans défense, dans un lieu irréel, en présence de choses qui voulaient ma peau...

La chose bondit. Mon cerveau analyse l'information, mon corps bouge malgré lui. Je me jette sur la gauche... La créature me griffe le bras droit au passage. Je pousse un cri de douleur, je me lève en tenant mon bras blessé et je cours, encore, toujours, pour l'éternité.

Face à face avec l'ombre, la silhouette, qu'importe ce que c'est, «Perdu»... Cette fois, je n'allais pas la laisser filer. Je me mets à ses trousses, conscient qu'à quelques mètres derrière moi il devait y avoir cinq ou six monstres dangereux. L'ombre tourne sur la droite. Le sang coule entre mes doigts depuis ma blessure au bras... L'ombre tourne à gauche. Je sens la panique m'envahir à la simple idée que je n'y arrive pas. L'ombre va tout droit, je sens l'espoir renaître. L'ombre traverse une porte, je me jette dessus, une créature sur le dos.

Chapitre 14

Je respire un bon coup, une goutte de sueur perlant sur mon front, les aisselles trempées, à bout de souffle. J'y étais arrivé et par chance... C'était tout près.

Je me relève après, ce que je dirais peut-être une dizaine de minutes. Mon premier vrai repos depuis toute cette histoire. Je suis derrière un paravent vert. Je le contourne doucement...

Des armoires, un lavabo, un lit d'hôpital... Un lit... D'hôpital? Je quitte la pièce rapidement. Un hall typique d'un hôpital, le plancher blanc, les murs cyan, des bancs un peu partout, des chaises roulantes qui traînent, des lits roulants tassés ici et là. On pourrait presque penser que l'endroit a été déserté d'urgence... Donc, ma réponse se trouvait ici, dans une de ces nombreuses pièces... Cela allait me prendre l'éternité. Il devait bien y avoir un indice quelque part... Pour l'instant, il me fallait une carte. J'emboîtai donc le pas, à la hâte, car rien ne me disait que les choses n'étaient pas ici non plus. Par un heureux hasard, j'étais au rez-de-chaussée. Je localisai donc assez rapidement l'accueil.

C'était, toutefois, un vrai désordre.

Des documents qui traînaient partout, le téléphone qui pend dans le vide, des plantes renversées... Je commençais à penser que l'endroit avait vraiment été évacué. J'entrepris donc la recherche.

Un papier de rendez-vous, une feuille de notes, dossier médical, rien de pertinent à première vue sur le bureau d'accueil... Rien dans les tiroirs non plus, à l'exception d'une lampe de poche... Ça peut toujours être utile.
L'ordinateur ne marchait pas, ni le téléphone. Je progressais, visiblement, mais pas dans la bonne voie.

Skouik, skouik, skouik...

Je lève le regard vers ce bruit aigu... Une chaise roulante... Qui roule vers moi, ralentit, puis s'arrête, en provenance du couloir directement en face du bureau d'accueil... Je n'ai pas de carte, mais au moins j'ai un indice. Je contourne le bureau et je m'avance dans le couloir... Une intersection. Un ascenseur devant moi, un couloir avec des chaises, des lits, des distributrices à ma gauche, un cul de sac avec une double-porte à ma droite... Et le jeune Alex.

Alex... Il pousse les double-portes et court. Je le suis. Il pousse une porte à gauche. J'entre. Une salle de chirurgie... Et un corps sur le lit. Un drap recouvre le corps, à l'exception des cheveux. Par leur couleur et leur style, je devine qu'il s'agit là d'une femme. Je m'avance, incertain...

La femme se redresse, le drap s'abaisse, révélant son corps nu et ouvert. Le cœur saigne, les yeux sont manquants, mais je reconnais le visage de Haine.

- De quoi as-tu peur Alex? , me lance le cadavre.

Je recule doucement... On pose une main sur mon épaule. Je tourne d'un coup la tête pour apercevoir le visage de Haine qui m'entoure de ses bras.

- Tu n'es pas obligé d'affronter la vérité, même si elle est tout près. Tu peux rester dans ce monde illusoire, mais pas douloureux... Tu peux créer ton propre monde... Il ne te blessera plus ici, tu n'auras plus mal.

Une troisième Haine pose sa main contre mon torse, au niveau du cœur.
- Alex, tu n'as pas à me détester, j'ai toujours été là pour toi, même après tout ça.

Je tourne la tête vers la Haine sur le lit.

- Choisis... Tu n'auras pas le choix éternellement, me disaient-elles sur un ton mielleux.

Je les repousse puis je quitte la pièce en courant... Pour faire face à d'autres «choses»... Des corps, humanoïdes, sans chaire, aux apparences masculines. Je notai aussi l'absence de bras, et la tête, sans visage, se trouvait dans l'entre-jambe...

Le couloir en était rempli, mais ils ne bougeaient pas. Ils semblaient... Dormir. Je les entendais respirer, une respiration lente, rauque. Je voyais Alex au loin, un peu plus vieux cette fois, qui m'attendait.
Je longe le mur sans faire de bruit, pas après pas, la tête encore envahie par la voix de Haine...

- Tu n'es pas obligé de continuer... Reste...

Je ferme les yeux, je serre les dents, je continus, j'enjambe une plante renversée.

- Tu ne souffrirais plus Alex.

Je sens les larmes couler sur mes joues froides. Je tremble... Puis je frôle un humanoïde. Ils bougent tous. Merde.

Je cours vers Alex qui part à la course à son tour. Il enfile dans l'ascenseur et les portes se referment derrière lui. Je m'écrase contre les portes, je les frappe, je hurle...

1F...2F...3F...3F... Troisième étage!

Je plaque les portes de l'escalier. J'entends les Rampeurs monter depuis le sous-sol. Je m'empresse de monter les marches. Deuxième étage. Je monte, je monte, marche après marche. La voix de Haine continuait de retentir dans mon esprit.

- Alex, la souffrance est facultative, abandonne...

Troisième étage, je pousse la porte de toutes mes forces... Hôpital, version mur tapissé. Il y avait des boîtes en carton partout, des corps traînant ici et là, des toiles d'araignée et de la poussière partout... La poussière est soulevée à ma gauche. Je sursaute.
Dans le sol poussiéreux, une trace de pas venait d'apparaître, suivie d'une seconde, puis d'une troisième...
Je les suis lentement. Une autre pièce d'opération chirurgicale, mais sans meuble cette fois, un simple corps d'homme pendu au plafond par les pieds, celui de mon père.

Sur le mur, gravé dans la tapisserie.

«Choisis son destin, clémence ou vengeance».

Le corps avait la bouche et les paupières cousues et les mains attachées dans le dos avec du fil barbelée. Une ligne rouge était tracée de son pubis jusqu'à son torse. Un couteau reposait sur une table roulante. Je prends lentement le couteau, puis je m'approche du corps.

Il remue, il geint, mais il ne peut ouvrir la bouche. Il était encore vivant. Je regarde mon couteau, puis mon père.

- Il t'a fait souffrir Alex, tu sais quoi faire, il t'a violé toute ton enfance, tu n'as été capable de quitter ses griffes qu'à l'adolescence... Réagis.

Je pince les lèvres, je tourne lentement autour du corps pendu. Une haine grandissante naissait en moi, mon corps tremblait, mes mains se crispaient sur le couteau. Les dents serrées, je glisse lentement le bout du couteau sur sa joue, puis le côté de la lame sur sa gorge. Il geint, remue, frissonne... La lame est froide. Je souris doucement, envahi d'un certain... Plaisir, pour ne pas parler d'une profonde excitation. J'avais devant moi un jouet, et j'avais l'outil qui me permettait de m'amuser entre les mains. J'allais passer un bon moment. Je me retourne vers la porte d'entrée, puis je ferme celle-ci.

Encore un très bon chapitre qui nous maintient constamment en haleine.
Je suis curieux de savoir ce que Alex va faire à son père.

13 Mars 2010 à 18:40 #23 Dernière édition: 13 Mars 2010 à 20:06 par Isaac
Chapitre 15

Je quitte la pièce lentement. Je traîne lentement les pas, puis je me laisse choir sur un banc à côté d'une distributrice détruite. Je relâche le couteau, le corps vidé de toute énergie...

J'allais regretter mon choix...

Le couteau propre tombe sur le plancher, le bruit aigu est emporté par l'écho, rompant le silence des lieux. Pourquoi. Pourquoi ne l'avais-je pas tué? Qu'est-ce qui m'avait mené à... Réaliser que cela ne me mènerait à rien, que la rancune est un pas vers l'arrière et que je cherche à aller de l'avant? Ou était-ce plutôt la peur ou la pitié qui avait bloqué mon geste?

Une ombre au sol. Je lève la tête vers sa source : Alex, adolescent. Je me lève mollement, épuisé de toute cette histoire. Il recule, puis court encore.
Je le suis de peine et misère, comme vidé de toute énergie.

- Alex, tu ne veux pas connaître la réponse, elle va te faire mal, arrête maintenant je t'en supplie!, continuait d'insister Haine.

- Je dois continuer, je ne veux pas reculer, pensai-je alors.

- Alex, pour ton bien ne continue pas! Arrête!

Je secoue la tête. Alex, adolescent, pousse une porte, «Salle du personnel»... Mais ce n'est pas une salle du personnel, c'est une chambre, celle de mes parents. Ma mère, dans un piètre état, se balançait sur une chaise berçante, l'air absent... John entre dans la pièce et glisse une main le long de son épaule.

- J'ai bordé Alex, lance-t-il.

Je vois une larme couler le long de la joue de ma mère.

- Je n'en peux plus John, ce n'est pas la vie que je voulais avec toi. Je me dégrade jour après jour...

- Ta gueule salope, hurle mon père. J'aime ton cul, c'est tout c'qui compte.

- Non. Je pars. Demain, je prends Alex et je pars. Tu ne me chercheras pas, tu ne tenteras pas de me toucher comme tu l'as fait.

Il agrippe son poignet et la lève de force. Ma mère se débat. Il commence à embrasser son cou. Elle hurle, mais il la retient, de force. Il commence à lever sa jupe doucement, puis la touche, doucement, délicatement. Je tourne la tête vers la porte de la chambre : Elle est entre-ouverte, juste assez pour qu'Alex, préadolescent,  puisse tout apercevoir. John frappe violement Mary. Il abaisse son pantalon, il embarque par-dessus ma pauvre mère... Elle donne un coup, mon père se recule... Elle tente de fuir, puis aperçoit Alex... Ses yeux s'écarquillent, puis mon père, gonflé à bloc, excité sexuellement, la plaque contre le sol, accrochant le buffet... D'où tombent des stéroïdes. Il commence la pénétration, ma mère hurle au désespoir... Puis, mon père la tue.

- J'trouverai bien une autre salope dans ton genre, se contente-t-il de dire.

Il lève le regard vers Alex, ce dernier recule, pas après pas.

- Après ce sera ton tour... Ce sera notre petit secret, d'accord?

Culpabilité, culpabilité, rancune, rancune...

Le corps de ma mère fond comme de la cire d'une bougie, tout comme le décor. Il se met à pleuvoir, la chambre laisse lentement place à la pièce vide de l'hôpital, version tapissé.  Une fenêtre ouverte constitue la seule source de lumière des lieux. Je m'en approche, puis j'aperçois la ferme, le champ, la forêt au loin, puis l'entrée de ma maison, comme si je regardais depuis la fenêtre de ma chambre.
Alex, adolescent, me bouscule. Il saute par la fenêtre, se laisse tomber en bas, puis court, un sac-à-dos sur les épaules... J'entends John hurler, grogner. La police arrive après quelques minutes, il discute avec les policiers. Au loin, je vois l'aube.

... J'ai regardé ma mère mourir et je n'ai rien fait. J'ai été l'esclave sexuel de mon père pendant plus de dix ans et je n'ai rien dit et je n'ai rien fait... J'ai tué ma mère... Et j'ai fait la même chose à mon père.

Regret, peine, peur, justice...

Une main réconfortante se pose sur mon épaule. Une chaleur que j'ai recherché, qui a fait de moi quelqu'un de différent, quelqu'un que les autres regarderaient différemment. Des bras m'entourent, on souffle dans mon cou, on m'embrasse dans le dos... La source me souffle dans l'oreille «Gauche, Droite, Droite, Gauche»... Puis le tout s'arrête.

- Alex, tu es déjà trop loin, tu as déjà été victime de ton propre mal, ne vas pas plus loin.

Je lève la tête. Non Haine, j'y suis presque, je suis à deux doigts de comprendre ce qui me détruit, ce qui me déchire.


Chapitre 16

Couloir de l'hôpital, envahi de Rampeurs et de Sans-Visage. Il fait noir. J'ouvre ma lampe de poche, j'éclaire les lieux. Je m'avance sans trop faire de bruit. Je vais vers la gauche. Un Sans-Visage souffle, mais ne se réveille pas. Je longe le mur, je grimpe sur un banc, je déplace doucement une chaise roulante, je rampe sous un lit roulant... Puis je cours vers l'intersection. Tout le décor était difforme, tout semblait fondre, tout semblait détruit, en ruine, il pleuvait abondamment, il y avait des cadavres partout. Les cadres des silhouettes étaient accrochés partout...

Droite.

Un Rampeur se jette sur moi, il me griffe. Je me débats, je parviens à le repousser, mais il a sa main griffue de plantée dans mon bras gauche. Je hurle, je saigne, je pleure de douleur... Je m'aide de mes pieds pour me pousser loin de lui, je m'appui contre le mur puis je cours, le bras saignant. Je boite alors qu'il rampe sur les murs, le plafond, le sol, en hurlant, en me léchant, en me crachant dessus.

Droite.

Il frôle ma cheville. La douleur à ma jambe droite est trop forte, courir m'est impossible. Mon bras gauche pisse le sang, ma jambe droite aussi, mon bras droit me fait atrocement mal et je suis à bout de souffle. Je n'y arriverai pas. Haine avait raison, j'avais mieux fait d'abandonner.

Gauche. Je vois une double-porte avec écrit, en gros sang dégoulinant :

«Enfer»

Je boîte vers les portes... Et le Rampeur me plaque au sol, me tirant vers lui, suivi d'un deuxième Rampeur et d'un Sans-Visage. Tous me tâtent, me goûtent, me lèchent...J'abandonne...

Non. Je ne dois pas abandonner, pas si près du but... Je ne suis pas lâche. JE NE SUIS PAS LÂCHE.

- Dis-le plus fort, Alex, DIS-LE PLUS FORT. Si tu veux te détruire, FAIS-LE DIGNEMENT.

- JE NE SUIS PAS UN PUTAIN DE LÂCHE, hurlai-je.

Tout fond, tout explose, tout se détruit... Ne laissant que moi, la solitude et les double-portes. Je me lève lentement, plus aucune blessure sur le corps. Je m'avance vers les portes, je les ouvre. Le moment de vérité est venu.

13 Mars 2010 à 20:08 #24 Dernière édition: 13 Mars 2010 à 20:33 par pouale-link
AAAAAAH!!!
QUEL SUSPENSE!!!
VIVEMENT LA SUITE!!!

*EDIT:Isaac, quand je vois que tu es connecté sur le forum, je ne peux pas m'empêcher de me dire "MAIS POURQUOI IL POSTE PAS LA FIN ?!??!?" je suis trop impatient!!! :blink:

13 Mars 2010 à 20:34 #25 Dernière édition: 13 Mars 2010 à 21:22 par Isaac
Edit: Autant je voulais vous faire patienter pour faire durer le suspense, autant j'avais hâte que vous voyiez la fin. J'ai finalement décidé de poster tout ce qui restait d'un coup.

Chapitre 17

C'était une chambre d'hôpital, rien de plus normal. Il y avait des barreaux sur la fenêtre et Haine pleurait, assise sur un lit. À côté du lit, un pupitre avec un livre, un journal personnel à première vue. Il y avait le cadre de « Haine » au-dessus du lit, sauf que cette fois ce n'était plus une silhouette, mais bien son vraie visage, celle de la femme aux cheveux blonds. Je m'avance lentement.

« Perdu » entre dans la pièce, dans sa forme ombragée. Il embrasse Haine, puis regarde le lit.

- Comment vas ton frère Sarah?, lance Perdu.

Ils ne semblaient pas me voir. Sarah se lève puis croise les bras en regardant dehors.

- Il a essayé de me tuer, puis il a essayé de se tuer, Max... Je ne pensais pas que ça irait si loin.

Perdu, dit «Max», soupir... Il s'assied sur le lit puis caresse l'oreiller, là où, normalement, je devrais être...  Sarah commence à pleurer.

- Il va m'en vouloir toute sa vie Max... Tu te rends compte? Tu l'as trompé avec sa sœur... Cela lui a brisé le cœur... Je ne pense pas qu'il va survivre à cette deuxième dépression.

Elle secoue la tête.

- Sa dépression après sa fugue a déjà été lourde pour moi et pour lui... Il est détruit... De l'extérieur et de l'intérieure... Il s'est drogué, Max, comprends-tu? Il s'automutilait, il se piquait... Il n'était plus « saint »... Ce fut un miracle qu'il ait pu survivre après tout ça et retrouver le bonheur... Et il a perdu le tout... Je m'en veux tellement...

Sarah recommence à pleurer. Max vient l'entourer de ses bras, rejoignant sa douleur et ses plaintes par ses propres larmes.
Une main délicate se pose sur mon épaule, puis glisse le long de ma hanche. Incapable de réagir, je ne bronche pas. La main froide et délicate de Haine, nue. Elle me chuchote à mon oreille.

- C'est dur d'accepter la réalité, n'est-ce pas? L'amour de ta vie, un bel homme, le meilleur qui soit, qui te trompe avec ta propre sœur... Refoulement, isolement, peur, crainte, regrets, culpabilités, haine, perdu... Le décès de ta mère, les actions de ton père, tout ça a marqué ton esprit au point de te donner une vision triste et absurde du monde... Tu es plongé dans l'incompréhension même, Alex. Tu cherches à comprendre qui tu es vraiment, ce que tu vaux, ce que tu veux, tu finis par te détester, te trouver dégueulasse, pourri, trop différent. Tu ne t'acceptes pas, tu ne t'aimes pas, tu veux mourir.

Je serre les dents.

- Mais tu rates, lamentablement. Tu es pitoyable, tu es laid, il t'a trompé parce que de la merde pure vaut plus que toi. Ta salope de sœur t'a volé ton bonheur, la seule chose qui te restait... Mais tu n'es même pas foutu de te tuer convenablement tellement tu es pourri, dégueulasse et sans avenir. Tu n'iras jamais loin, tu tourneras en rond éternellement dans ton monde, dans ta tête, dans tes créations, tu écriras jour et nuit tes pensées stupides dans un bouquin que tu trimbales avec toi depuis ton enfance, ce sera ça, ta vie Alex. C'est ça, que tu veux. C'est ça que tu VAUX!

Je plonge mon regard noir dans le sien. Non, c'était fini, je savais qu'elle avait tort, j'avais compris ce que je cherchais à comprendre, à me convaincre depuis le début. J'avais accepté la réalité, les faits, le contexte. J'avais accepté ce que je suis... Haine n'était plus utile, elle n'avait plus besoin de me frapper de ses paroles pessimistes.

- Je n'ai plus besoin de toi Haine. C'est fini, j'ai compris. Ma haine n'est plus, mon regret n'est plus, ma culpabilité n'est plus, je veux vivre oui, je veux vivre, je veux m'accepter comme je suis, ne plus être «l'unique», ne plus être «l'incompris», ni «le différent». Je veux aller de l'avant, aimer de nouveau, rire de nouveau, être heureux de nouveau. Ma sœur est tout ce qui me reste, je veux la garder. Max m'a aimé, il m'a offert son amour, mais j'ai été victime de sa bisexualité. C'est la vie, je dois l'accepter... Un autre m'aimera, un autre m'acceptera, un autre me verra comme je suis...

La chambre d'asile n'est plus, elle est remplacée par une grande pièce avec un énorme miroir.

- Répète-toi le tout Alex. Je ne suis pas celle qui doit être convaincue. Regarde-toi enfin comme tu es, comme tu as toujours été et comme tu seras. Affronte ta vie, affronte ton passé, prévois ton avenir, mais cesse de le fuir, cesse de t'enfermer dans ton monde, de te replier sur toi-même dans la peine, la tristesse, la peur, cesse de t'imaginer une vie, cesse de t'imaginer un monde qui n'est pas réel! Ce monde dans lequel tu vis n'existe pas!

Je vois ma naissance, je vois les viols de mon père sur moi et ma sœur, je vois la chute de ma mère, je vois ma fugue, je me vois grandir en salon d'accueil, je me vois aller à l'école, vivre de nouveau, puis devenir dépressif, me droguer, m'automutiler, puis je me vois me redresser, je me vois tomber amoureux de Max, je me vois être heureux, être aimé, être traité comme un humain avec respect, puis je vois son regard lorsqu'il voit ma sœur, je le vois s'éloigner, je le vois baiser avec ma sœur, je me vois me briser, me replier sur moi-même, la mort de ma mère, les viols de mon père, mon attitude dépressive marquée par le passé, refait surface, me plongeant dans les ténèbres d'une dépression suicidaire. Je tente de tuer ma sœur, Max intervient, je tente de me tuer, on m'enferme à l'asile... Ma vie, mon passé, ce qui a fait ce que je suis.

Je m'avance vers le miroir. Je me vois pour la première fois. Grand, mince, barbe mal rasée, cheveux courts et dépeignés. Chandail sale aux manches longues et décousus. Jeans troués, chaussure de faible qualité. Je vois mes yeux bleus, les yeux de ma mère, les yeux de la femme qui m'aimait et que j'ai laissé mourir. Je ne suis pas quelqu'un de luxe ni quelqu'un de pauvre, je suis moi, oui, MOI.

- Je ne me déteste pas, dis-je à mon reflet. Je suis ce que je suis, ce que j'ai toujours été. Il ne m'est plus utile de fuir mon passé ni mon identité, ni ce que je suis. Je suis moi, oui, et je chéris ce que je suis, je ne regrette plus mes gestes.

Mon reflet esquisse un mince sourire et il hurle. Il rampe lentement hors du miroir, ses bras et ses jambes s'allongent, son visage et sa peau fondent, et, avec une posture digne d'une araignée, s'avance vers moi. Je reçois un coup de pattes en pleine gueule, m'envoyant planer contre le mur de bois qui éclate. La tuyauterie cède. J'agrippe le tuyau, puis je m'avance vers «Moi». Il tente un coup, je l'esquive et j'envois un coup de toutes mes forces contre sa patte. Il hurle et penche un peu vers l'avant. Je viens abattre de toutes mes forces le tuyau contre le visage de «Moi». Il hurle, recule. Je viens à nouveau frapper son visage. Il recule, hurle. Puis un autre coup, le plus fort possible sur son visage... «Moi» s'écrase contre le miroir agonisant... Puis fond, ne devenant qu'une marre de sang au sol. Mon reflet, mon vrai cette fois, me regarde... Je me suis affronté, je me suis vaincu. J'ai gagné la lutte.
Mon reflet regarde à sa gauche et à sa droite. Sarah « Haine », et Max « Perdu », le vrai cette fois, quittent lentement le miroir et s'avancent vers moi.

- Sarah, je m'excuse terriblement... J'étais égaré, perdu, mais j'ai retrouvé mon chemin... Ce fut trop douloureux pour moi, je n'ai pas été capable d'accepter que ma seule source de bonheur me soit enlevée par ma propre sœur... J'ai fini par avoir une haine envers toi, une haine justifiée... Mais je ne veux pas te perdre, tu es tout ce qu'il me reste... Max te mérite et tu mérites Max, je veux que vous soyez heureux...

Elle acquiesce. Je tourne la tête vers Max, l'homme costaud aux cheveux noirs.

- Max, merci d'avoir été là pour moi, tu m'as fait passer les meilleurs jours de ma vie... Mais je veux aller de l'avant, ne pas reculer, ne pas regretter, ne pas envier. Tu seras toujours là pour moi, en tant qu'ami, en tant qu'amant de ma sœur, Forever even in the Death.

Haine s'avance vers moi.

- Il y a certain racoin de ta vie que tu n'as pas exploré en profondeur Alex. Le choix t'appartient, de retourner au point de départ et de refaire le chemin en entier, avoir réponse aux questions que tu n'as pas eu.

Je secoue la tête.

- Il est préférable pour certaines questions de rester sans réponse... Dans le pire des cas, il y aura bien une troisième fois, ou une quatrième fois... Rien ne m'assure que je ne vais jamais revenir, même si je ne le souhaite pas...

Le miroir craque, puis éclate en plusieurs morceaux, révélant une porte de cachée derrière. Je m'avance vers celle-ci, puis je l'ouvre.

Aube

Alex referme sa valise de peine et misère. Le soleil est à son zénith, les rayons de soleil traversaient la vitre de la fenêtre. À l'extérieur, on entendait les oiseaux, la circulation, les gens marcher devant cette belle journée d'été.

Il sourit, visiblement de bonne humeur. Son regard se pose sur son pupitre qui lui a servi de confident pendant les trois dernières années : son journal et son miroir portatif reposent toujours dessus. Il pousse un long soupir d'exaspération, réalisant qu'il a oublié un objet...

Il pince les lèvres, comme hésitant. Il regarde de nouveau à l'extérieur, le ciel se couvre lentement.

- Je vais être en retard au souper avec Sarah et Max, se dit-il à voix mi-audible, et le temps se gâte... Je ne dois pas être en retard, c'est la première fois que je les vois tous les deux depuis longtemps.

Il prend l'objet manquant et ferme la valise. Celle-ci en main, il se dirige vers la porte, il regarde la chambre une dernière fois et quitte les lieux.

On ne sait pas ce qu'Alex est devenu... Après tout, ce n'est pas le seul individu sur Terre à avoir vécu une enfance et adolescence difficile, d'autres voudront bien se remettre en question, c'est une chose tout à fait normal chez l'humain...
Mais selon vous, quel objet a-t-il pris? Le miroir, ou son journal personnel?
De toute façon, peu importe l'objet, avant la mort, nous voyons tout de même ceux qu'on a aimés, ceux qu'on a connus, nous revoyons notre vie, nous revoyons ce qui nous a rendus triste, ce qui nous a rendus heureux, mais le plus important c'est qu'on voit le...


Moi



Note finale d'Isaac: Il y a une chose à comprendre dans l'épilogue, l'avez-vous comprise?

Magnifique, ce dernier chapitre est absolument Magnifique ! Bravo à toi Isaac !  ^_^
Ton histoire était vraiment bien trouvé avec tout ce qui arrive à Alex, le dénouement, les morales.
En fait, ton histoire est très humaniste, elle nous explique un peu la vie.

J'ai vraiment adoré, bravo !

"Le truc à comprendre dans l'épilogue" ce serait pas le choix entre le miroir et le journal?

J'ai plutôt pensé qu'il fallait deviner l'objet manquant mais j'en suis pas sûr ...

Ben, si il prend le journal, il traine son passé, mais si il prend le miroir, il ne garde que le présent...
ENFIN... C'est ce que j'ai compris...

Juste wouaaaah , le dénoument exeptionel d'une histoire qui l'est tout autant !  :linkbravo:

Pour ma part je pense qu'il a pris le mirroir , qui est le symbole qu'il s'accepte comme il est et qu'il délaisse sont journal ou sont renfermées toutes ses peines et son passé.

Citation de: pouale-link le 14 Mars 2010 à 11:15
Ben, si il prend le journal, il traine son passé, mais si il prend le miroir, il ne garde que le présent...
ENFIN... C'est ce que j'ai compris...
Oui, je pense que tu as raison, et Onilink T aussi.

Ouais mais bizarrement, sans son passé il n'a pas d'identité. Reste à savoir ce qui est le plus important : ce que l'on est ou ce que l'on fait. Après c'est sans doute complètement con comme raisonnement, mais voilà j'hésite quoi XD

Mais sinon concernant le texte, c'est vraiment gore (enfin pas insoutenable non plus faut pas exagérer) mais t'as assez bien fait passer le truc je trouve.

14 Mars 2010 à 18:29 #33 Dernière édition: 14 Mars 2010 à 21:50 par Isaac
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise reponse pour la fin. Tout est à l'interpretation du lecteur, d'où l'utilisation du mot "Aube" pour l'épilogue.

Cela peut autant être l'aube d'une nouvelle vie, l'aube de la conclusion à cet éternel cauchemars que l'aube, le début, le prologue du récit. Alex revoit sa soeur "pour la première fois" depuis un moment, rien ne certifie qu'il ne tentera rien, tout comme justement, on peut penser qu'il ne va rien arriver. J'ai fait exprès d'être très vague là-dessus pour que chacun tire sa propre conclusion, donc rien n'est certifié. J'ai vu que certains avaient d'ailleurs déjà très bien compris le concept du miroir et du journal personnel.

En bref, l'histoire peut être lue en boucle (épilogue qui peut aussi servir de prologue) ou bien avoir une belle fin. C'est à la liberté du lecteur :)

D'ailleurs, j'attire votre attention sur un truc. J'ai été très vague sur le synopsis du récit et ce n'est vraiment que vers la fin qu'on se met à avoir des doutes sur la présence d'une histoire d'amour.

Toutefois, les titres de récit ne servent pas qu'à donner un nom. Parfois, ils sont utilisés pour donner des indices sur l'histoire en soi. La preuve?


À gauche, le logo utilisé, à droite, ce qui était caché. :)

Dernier truc au fait...
[spoiler][/spoiler]

Maintenant que tu le montre c'est plus évident.

1) Bonjour.

2) Je vais être sincère : je n'ai vraiment pas, mais vraiment pas, aimé cette histoire : L'angoisse et tout et tout c'est bien ! mais le sujet j'ai trouvé cela mauvais ( pour pas dire ce que je pense vraiment ) : tu as eu un livre sur la philo ou  tu as eu un cour dessus pour inventer ce roman ? Y a un de tes amis qui a eu des ennuis avec un pédophile ou l'idée t'est venue toute seule ? Non, même moi qui suis pessimiste je trouve cette histoire minable ( excuse moi pour la violence de mes mots mais c'est mon point de vu ). Ma critique est courte j'en suis désolé mais l'inspiration de me vient pas donc c'est tout ce que je puis dire pour le moment...

3) C'est quoi la différence entre MOI 1 et MOI 2 dans ton dernier post ? Moi j'ai rien vu mais cela m'intrigue !
La Reine des Ténèbres 2.0 : http://fr.scribd.com/doc/128034226/Rdt
A découvrir et redécouvrir :)
(A tribute to Gabriel10)

Plus de renseignements : http://forums.zelda-solarus.com/index.php/topic,22646.0.html

15 Mars 2010 à 19:09 #36 Dernière édition: 16 Mars 2010 à 19:12 par Isaac
LoL!

Bien que je cherche toujours des critiques négatives en vue de l'amélioration, je dirais que la tienne est plutôt... Gratuite et inutile (mais surtout très gratuite). Après tout, chacun ses goûts... Si tu n'as pas aimé mon histoire tant pis, mais je m'attendais à en connaître la raison... Car ton post manque cruellement de crédibilité et il est dur de le prendre au sérieux...  Bref, de la manière que tu as écrit ton commentaire, j'ai vraiment l'impression que tu me prends de très haut, limite tu te moques de moi (et oui, cela paraît dans ton post que tu es pessimiste, sans offence ;p, mais il contient quand même que de la négation).

Je ne prends pas ton post de la mauvaise façon, je ne suis pas là pour forcer les gens à aimer ce que j'écris... Mais si tu n'as pas l'intention de m'aider à m'améliorer et de venir uniquement poster à quel point tu trouves l'histoire pourri... Peut-être t'abstenir? Ou sinon être un peu plus constructif? Je ne vois pas des membres aller poster dans les sujets de Jeu Amateur dans l'unique intérêt de dire "C'est pourri, au revoir"... C'est, je le redis, assez gratuit comme commentaire. Si au moins je savais pourquoi tu n'as pas apprécié...

Donc, pour te répondre, je n'ai pas eu de cours de philo, aucun de mes amis ne s'est fait violé, aucun de mes amis n'a été à l'asile, aucun de mes amis n'a tenté le suicide... Tout ce que tu as lu est de mon cru, de ma tête, c'est ma création.
J'ai toujours eu une certaine "attirance" vers la psychologie humaine, comment certains réagissent vis-à-vis certaines situations, comment certains voient la vie, comment certains réussissent à traverser leur situation difficile, etc.
J'ai donc tenté un truc. Il n'est certes, pas parfait, je pourrais même l'améliorer (je trouve que cela manque de description par endroit), mais c'est là, c'est un essai, c'est écrit, c'est posté, c'est là... Et j'ai aimé l'écrire et je suis fier de l'avoir fait.

Finalement, "Moi - Innocence" n'aura aucun lien avec ce récit... Je le dis officiellement, je tente une autre histoire dans la même lignée, mais qui sera différente. Je ne dis rien de plus, car je n'ai pas encore établi la base... Mais c'est en voie de. Si tu parlais de la différence entre les deux versions du même logo, regarde bien dans la version de droite, dans la zone encerclée, tu devrais voir un baiser... Dans la version de gauche (version utilisée), c'est un peu plus floue, plus subtile, mais quand on sait, on voit. :)

PS: Ce serait toutefois faux de dire que rien ne m'a inspiré. Il y a bien un élément dans l'histoire qui est né d'une inspiration, le reste est issue de ma tête, de mon cru, de ma pensée, de "moi". Cette inspiration, toutefois, ne vient pas d'une source extérieure ou d'un cours X de philo... On ne choisit pas ce qu'on ressent quand on a une peine d'amour.

Hum, paarfois le scénar c'est secondaire, mais c'est vrai que ton histoire rappelle certains jeux vidéo (avec les énigmes et les choix) et ça certains n'apprécieront pas c'est sûr.

Si tu veux étoffer tes descriptions, fais-le à la Giono, avec des métaphores ignobles sur les odeurs et les textures (enfin y a de quoi avec tous ces cadavres) mais fais-les bien et évite les clichés :ninja: genre je donne des conseils sur les descriptions moi lolilol

15 Mars 2010 à 19:35 #38 Dernière édition: 15 Mars 2010 à 20:45 par Isaac
Oui, c'est sûr, mais il n'y a pas 1001 façons de confronter un protagoniste à un choix, à une réflexion, à hésiter etc.
Quand notre propre pensée se tourne contre nous en nous fournissant une énigme, un choix, un message, c'est dès lors qu'on entre dans l'incompréhension même et c'est dans ça qu'Alex est plongé. Je voulais que le protagoniste réfléchisse, se questionne, tente de comprendre les messages qui lui étaient envoyés pour ainsi progressivement réaliser qu'il doit affronter tout ça, qu'il doit "s'affronter"... L'utilisation des énigmes était donc, disons, adéquate.

A zut, je n'avais pas vu un baiser, je croyais que c'était le miroir  :ninja: ....

Je suis d'accord avec Isaac par rapport au commentaire de Vahahatiii, il ne suffit pas juste de lancer un post en disant " C'est nul ! " mais donner des conseils à celui qui écrit, c'est comme ça qu'on avance.

Ton commentaire m'a quand même jeté un froid, j'étais pourtant sûr que tu aimerais te connaissant ... chacun ses goûts après tout. Mais Isaac dénonce dans son histoire qu'il faut s'accepter comme on est peut-importe la vie que l'on a vécu.

Je continue à te féliciter Isaac et encore bravo !

18 Mars 2010 à 21:49 #40 Dernière édition: 18 Mars 2010 à 21:56 par compositeur
Une grande leçon d'éthique qui nous entraîne au plus grand civisme face à l'acrimonie de la vie.
Félicitations pour ton texte, qui globalement, m'a été extrêmement plaisant. Je pensais m'apprêter à critiquer sauvagement ta fin (et oui, non aisé de clore plus magistralement encore un texte déjà saturé de majesté), mais finalement je dois avouer que tu t'en sors bien. Encore un point pour toi donc.
Un maniement du rythme d'action qui tantôt ébranle brutalement le lecteur de part et d'autre du mur solide et abscons de la conscience, et tantôt le broie posément contre le sol, avec amour et virtuosité.  

vahahatiii je trouve ton commentaire injuste je ne sais pas ce qui s'est passé chez toi mais ce n'est pas une raison pour donner une idée très négative... Un forum ce n'est pas fait pour dire qu'on aime pas ou qu'on déteste mais qu'on aide les gens à poursuivre leurs écrits et leur donner des conseils pour s'améliorer. Sinon Isaac j'ai adoré ton histoire pour moi tu as une très belle imagination et vu que c'est pas ta première histoire (même si c'est la seconde que tu post ^^) j'ai trouvé le commentaire de vahahatiii vraiment insultant
Canapé ? Ok
Piles ? Ok
Cannettes ? Ok
Jeux lancés !
C'est bon bonne soirée en vue :D