Je vais commencer par pousser un petit coup de gueule sur les cinoches...
J'étais très enthousiaste à voir le nouveau Wes Anderson, L'île aux chiens, mais il se trouve que l'unique cinéma de la ville où j'étudie (un des plus grands centres universitaires de Belgique francophone, si pas le plus grand)... ne le diffusera apparemment pas. Je trouve ça totalement incompréhensible. Pire encore, en cherchant un peu, j'ai pu voir qu'il n'y a que très peu de cinémas belges francophones qui vont le diffuser, pas plus de deux ou trois. Pour resituer, Wes Anderson, c'est Moonrise Kingdom, Fantastic Mr Fox, Grand Budapest Hotel, ou encore The Darjeeling Limited entre autres ; c'est-à-dire un des rares réalisateurs qui parviennent aujourd'hui à produire des oeuvres à la fois personnelles et accessibles. C'est finalement la même problématique que les libraires, qui blâment le public et la modernité de leur déconfiture actuelle alors que, comme pour le cinéma, c'est un service à la ramasse et une politique d'austérité dans la distribution qui fait fuir le consommateur. Mais non, on préfère diviser le public en ne proposant que des trucs comme Les Tuche 3, Taxi 5 ou encore Gaston, parce que bon, la daube de base statistiquement ça rapporte forcément des entrées... Je passerai sur l'évident problème que cette cité universitaire n'abrite aucun cinéma d'art, puisque de toute façon ceux-ci semblent devenir une rareté précieuse...
Bref. Arrêtons de râler. Puisque je ne peux pas compter sur le cinéma pour me proposer des films décents, j'ai vu récemment :
- J'ai rencontré le diable, de Kim Jee-Won. La fiancée enceinte d'un agent des services secrets a été tuée de façon particulièrement odieuse par un serial killer. Celui-ci décide alors de se mettre lui-même à la poursuite du tueur afin d'exécuter la pire vengeance qu'il puisse imaginer... Très bon film sur la descente aux enfers et les notions de bien et de mal, il a cependant choqué beaucoup de monde, je le déconseille donc aux personne sensibles. Cependant, j'avoue que je n'ai pas trouvé cela aussi terrible qu'on le dit. Oui, il y a des scènes de gore et de cruauté, mais d'une part j'ai pas l'impression que ce soit particulièrement plus que d'habitude dans ce type de cinéma (le sujet justifie le traitement), et d'autre part j'ai tendance à trouver que la violence physique est beaucoup moins choquante pour le spectateur que la violence psychologique. J'ai trouvé par exemple l'excellent Old Boy bien plus dur et marquant.
- Panique au village, film d'animation à l'humour typiquement belge franchement cool. Je n'ai pas vu la série dont il est la continuation, mais cela m'a beaucoup donné envie de m'y atteler. C'est l'histoire d'un tout petit village, qui abrite la colocation de Cheval, Indien et Cow-Boy, la guérite de Gendarme et la ferme de Steven et sa femme, Jeannine (si ma mémoire ne me fait pas défaut). Indien et Cow-Boy réalisent qu'ils ont oublié l'anniversaire de Cheval, et décident de lui construire en urgence un barbecue. Les choses ne se passent évidemment pas comme prévu... L'originalité de ce film est que ses protagonistes sont des figurines jouets animées en stop-motion, ce qui explique l'humour absurde de l'intrigue, qui semble être le produit de l'imagination débordante d'un enfant (un peu comme le concept de Axe Cop, pour ceux qui connaissent). Vraiment cool, même si le film finit par connaitre des longueurs.
- comme je l'ai brièvement mentionné plus haut, Fantastic Mr Fox, de Wes Anderson, une adaptation d'un livre de Roald Dahl très intéressante. Doté d'une esthétique superbe, il raconte la dernière mission de Mr Fox, un renard qui a rangé au placard depuis des années sa carrière de voleur de volailles, lorsque sa femme lui annonça qu'elle était enceinte. Désormais journaliste, de sa nouvelle maison, il a vue parfaite sur les trois plus grandes fermes de la région, et ne peut résister à la tentation : il doit les dévaliser. Cela dans le contexte de l'adolescence difficile de son fils, qui manque de reconnaissance, n'ayant que peu de talents, et doit subir la concurrence de son cousin qui excelle en tout... Comme souvent chez ce réalisateur, il s'agit d'un film très dense sous son apparente simplicité, à la fois multi-référencé (on appréciera notamment les évidentes références aux westerns spaghetti) et explorant des thématiques difficiles sur l'aliénation par la société, la part animale ou encore la vie marginalisée.
Ca m'agace un peu de ne pas parler d'autres films que j'ai vus récemment, mais ce sont ceux que j'ai vus cette semaine qui m'ont le plus marqué.