[Concours]Conte aux airs de désillusion

Démarré par Gabriel10, 13 Décembre 2009 à 01:21

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Prélude d'innocence fortuite

Pas de bottes dans la neige, lentement, j'avance entendant le son distinct que font mes rudes semelles, m'exaltant de ce qui m'entoure : un Hyrule sous la neige. Les plaines de terre semblent recouvertes de leurs plus beaux atours, le soleil perçant la mince couche de nuages illumine les flocons et leur procure un air féerique. Créature étrange parmi mes compatriotes sylvestres, je semble ressentir une excitation devant cette féerie glacée que mes frères ne peuvent ressentir qu'en observant les arbres touffus durant la chaude saison. La brise caresse mon jeune visage, du haut de mes treize ans, je suis bien petit pour me promener seul dans ce grand espace vide de toutes complaintes et de toutes obligations. Un peu comme mon propre cœur scintille, j'aperçois un flocon tinter et tomber près de moi. La tentation est trop grande et je me vois tirer la langue, plaisir immédiat qui croît puis décroît au rythme auquel le petit glaçon fond dans la prison humide qu'est ma bouche.

Branches qui craquent, je me retourne un peu surpris pour apercevoir une petite silhouette qui se profile, son ombre glissant dans le paysage grisant. Je m'approche, usant de mes légers pas pour échapper au regard de l'objet de ma curiosité. Une petite fille, menue et portant un grand manteau de fourrure blanche, beaucoup trop grand pour elle, elle se mouvoie maladroitement et semble avoir un mauvais moment dans toute cette abondance du bénit flocon.

Soudain, elle se retourne vers moi, n'entrevoyant rien derrière les branches des petits conifères, elle fixe avec appréhension, attendant que se profile une féroce bête aux sombres atours. Son air apeuré ne fait que mettre en lumière son regard émotif. Elle a de grands yeux bleues, magnifiques lacs limpides sur fond d'émotions confuses. Ses cheveux brunâtres tombes nonchalamment sur sa figure et sa bouche, exquise petite forme rougeâtre termine son visage délicat qui m'attire comme une odeur de musque. La joie passagère qui m'habitait ternie alors que je la vois apeuré par mon indiscrétion, je sais bien qu'elle me voit à présent.

-Qui es-tu crie-elle, manant, montre toi et cesse de me tourmenter!

Sa voix, douce et enivrante ne fait que m'attirer plus près, je me découvre à son regard. Son animosité à mon égard me roue de coups de poings saignants. Je me penche et je m'approche, effleurant les branches, je lui souris. Me plaçant en position de faiblesse, j'espère de cette façon qu'elle me raye de sa liste de dangers potentiels, je veux plus que tout qu'elle dise un autre de ses si jolies mots de soie.

-Que fais-tu là fou à me darder du regard!

Bon, pas exactement ce à quoi de m'attendais mais c'est un début! Souriant timidement, je lui montre que je ne suis pas dangereux et mes hésitations me prévalent même un petit sourire moqueur de sa part. Je me sens défaillir, dans mon propre petit Nirvana. Voyant cela elle rit, oui elle rit, oh affront de franchise et de camaraderie qui me saisit et me déloge de mon emprise sur tout sol terrestre. Je tombe tête première dans la neige, finalement sera-ce plutôt branche fatidique qui me fit tomber? Je tend à croire et à espérer que ce fut en fait la déflagration de son rire qui m'y poussa. Elle me tend la main, convaincu que je ne suis pas un imposteur ou un voleur des routes, de toute façon, quel voleur se promènerait dans un froid pareil...et quelle fille, surtout aussi jeune que moi le ferait? Elle me toise, que peut-elle voir d'autre que je suis un garçon ordinaire de la forêt, mes cheveux blonds, un affront aux siens tout comme le reste de mon corps...si belle!


Interlude aux airs familiers

Roxane, c'est ce nom que cette déesse sur terre avait décidé d'adopter. Comme une odeur de trépidante impatience, je foncé vers le bosquet bénie de nos folles escapades. Trouvant ma dulcinée, affalée sur un tronc et jouant avec une fleur cristallisé. Oui, cristallisé car c'était la fastueuse hiver qui me saisissait, saison non plus ma préféré pour ses vastes étendues de neiges mais bien pour son cadeau de chair qu'elle m'avait fortuitement transmise. Chaire et non beauté car ma philosophie avait lentement, un tant soi peu, changé avec le temps, tout comme la sienne je me doute bien, à treize puis à seize on ne voit plus les choses de la même façon. Je la saisi de mes bras et elle me serre fort, presque désespérément, je n'en sais pas plus sur elle qu'elle en sait sur moi et c'est dans cet ignorance que nous pouvons garder notre innocence et la futile simplicité de nos actes. Riant elle se sépare de mon étreinte, brisure temporelle dans ma dimension plurilatérale ou deux planètes se côtoient. Elle danse de ses petits pieds fins dans la neige encore plus fine, patinant presque en bottines sur la glace et se laissant aller à une liberté presque complète, je bave devant cette insouciance qui semble m'échapper peu à peu comme un souvenir tendrement obtenu et péniblement oublié.
Ploq! J'entend un bruit sec venant de sa direction et me précipite, elle est affalé sur la patinoire, la tête plongé dans le banc de neige. Affolé, je m'approche, me préparant à retirer une figurine de porcelaine brisée en milles miettes, irréparable. Je perçois un son étouffé par le manteau blanc d'eau cristalline. C'est son rire, incontrôlable qui produit un tel son! Apaisé, je l'aide à se relever et l'invite à marcher, une autre marche paisible qui me comblera de silences complices. Passant sous un des nombreux épinettes, main dans la main, je frôle une petite branche surgelée, voyant cela je m'arrête et la tortille un peu, à mon propre désarrois, ce simple geste envoi tomber l'épaisse couche de neige précairement perché sur ma tête. À nouveau elle rit et en nous regardant, comme si nous nous découvrions sous un autre œil, nous nous embrassons tendrement pour la première fois...du moins, de cette façon. Une belle façon de commémorer ce jour intense qui est lui même un jumeau plus jeune du premier de notre vie commune.


Tourmente familière

Pourquoi?

Que me manque-il pour me faire sentir comme tant de fois du temps précédent, inter temporel, immortel, pourquoi sentis-je que dans les bras de ma bien aimée la princesse, je ne suis point chaud et ce dans tout les sens possiblement imaginable. Questions aux airs de réponses négligées, pourquoi déesse dites-moi pourquoi!

Pourquoi?

Depuis ma fusion avec le divin triangle droit, pourquoi ais-je perdu tout et pourtant gagné un rien trop plein d'illusions passagères, ais-je donc été dupé par vous déesses! Pourquoi je ne puis me souvenir du bon vieux temps, peut-être ni en il pas eu? Non! Je refuse d'y croire, vous m'avez insufflé cet amour forcé tout comme cette quête pour la princesse, pourquoi?

Pourquoi?

Pour la stabilité du royaume et la continuité j'ai perdu un moi essentiel, devenu légende, je ne suis plus homme.


Le dernier jour du reste de ma vie

Courant, traversant marche après marche du divin sanctuaire, je rejoins finalement la tablette, sage pierre de calcaire qui clos cette quête, enfin, après un an, je pourrai revoir ses yeux, ses lèvres et sa beauté! Enfin je raviverai ma triste existence négligé par le monde en détresse. Jeune, je le suis encore, mais plus d'innocence dans ce cœur aussi dur que cette tablette, durcit par les nombreuses vies prises et les sacrifices. Rude sédiment de mon combat, j'enjambe le cadavre de la bête porcine, lui assenant un coup de pied au passage, dernier signe d'animosité disparate que je puis relâché de mes articulations épuisées. Croisant une princesse aux cheveux d'or qui me sourit, suffisante et malicieuse, je ne regarde même pas en arrière. Comme si j'avais reçu un ordre inaudible, je place ma paume sur la pierre dure et froide, directement sur un symbole doré et triangulaire, effluve de couleur brillante dans le décor terne de la forêt enneigé. Je la retrouverai pensais-je en fermant les yeux, elle m'attend et cette princesse me l'a promis, elle m'amènera à ma bien aimé une fois cette maigre tâche accomplie. Lueur écarlate et éclatante dans les bois grisâtres, je me sens cloué à cette pierre alors que se dessine sur ma paume un signe étrange.

Non! Je ne peux pas, elle me fouille, cette lumière m'engourdie; je reverrai sa beauté et ses yeux. Elle s'enfouie en moi, passant par tout les orifices de mon visage; je reverrai ses yeux. Elle me chicote et aspire tout, cataplasme et destruction, qu'ais-je fais! Je reverrai mon amour, je la reverrai manant, je te dis que je la reverrai, cette obsession, je la retrouverai!

...plus rien

Me réveillant sur la lourde structure, j'aperçois cette princesse qui me toise. Elle est belle, ses yeux, ses lèvres...mon cœur se profile hors de ma poitrine, c'est elle, je la retrouve enfin. Mince titillent, je ne la reconnais pas, vide grandissent dans mon soudain empressement. Elle me prend brutalement et me déshabille, la neige ne nous importunes pas. Je veux crier mais mon cœur a trop froid, je ne puis observé que la neige qui est lentement tâché de sang, la vierge lentement percée.





Épilogue : Requiem pour l'innocence

Il n'est plus ce début fortuit, il n'est plus cet amour bénin et grand. Le cœur du héros, de la légende est vide. Tenaillé, il fera sûrement la seule chose possible, comme elle l'a sûrement fait avant lui. Renoncer, c'est tout ce qu'il peut faire devant cette quête qui ne se terminera jamais. Il ne se souviens même plus de cette promesse. Il ne se souviens pas de cet amour, il ne se souviens plus de ce jour, ils s'y rencontrèrent et s'y virent pour la dernière fois, c'est pour ça qu'il n'y a plus d'innocence.

Le jour bénie et maudit maintes fois est revenu, encore aujourd'hui mais il ne le sait même pas. C'est une journée pénible, à tout les ans, pénible parce qu'il l'a vécue, pénible parce qu'il ne le sait pas.

Joyeux Noël Link



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